D’abord et avant tout (et comme souvent !) un grand bravo au titre français : « AMOUR, FLEUVE SAUVAGE » ! Celui-là va être difficile à surpasser dans la ringardise et le hors-sujet. Il fallait y penser, quand même…
« SHOTGUN » donc, est un petit western de série B dont le scénario (coécrit par l’acteur Rory Calhoun) rappelle ceux de certains Boetticher : une chasse à l'homme motivée par la vengeance où le héros se retrouve flanqué d’une femme et d’un chasseur de primes ami-rival. Mais Lesley Selander n’est pas le grand ‘Budd’ et ce film est d’une platitude infernale. Les péripéties sont d’une mollesse désolante, le dialogue est d’une faiblesse insigne et les acteurs sont d’un ennui colossal. Même Sterling Hayden, qui venait pourtant d’être magistral dans « JOHNNY GUITAR » l’année précédente, semble absent, dégageant le même cynisme maussade qu’un Mitchum, l’humour en moins. Il traîne sa grande carcasse efflanquée, visiblement pressé d’en finir. À sa décharge, il faut reconnaître que sa partenaire Yvonne De Carlo, boudinée dans un disgracieux pantalon, est décourageante et que son jeu appliqué tape rapidement sur les nerfs. Quant à Zachary Scott, il confirme qu'il fut bien un des ‘bad guys’ les moins charismatiques et mémorables du western des fifties.
Tout cela évidemment, n’incite pas à l’indulgence. Mais on peut tout de même retenir de beaux paysages et quelques ‘gimmicks’ efficaces, comme une ou deux tortures apaches plutôt rigolotes (dont une très tirée par les cheveux, impliquant du cuir qui rétrécit au soleil et un serpent à sonnette !) ainsi qu’une sorte de tournoi au fusil de chasse à la fin, qui justifie le titre, même s’il est complètement aberrant.
Le genre de « redécouverte » inutile donc, à moins d’être un addict complétiste du grand Sterling, ce qui après tout est tout à fait honorable et justifierait la vision de cette petite chose.