Très curieux personnage que ce Sterling Hayden, marin dans l’âme, aventurier, qui eut maille à partir avec la commission McCarthy, et ne s’en est pas très bien sorti. Colosse au visage balafré, à l’allure nordique, il adoptait un style de jeu bourru, distant, comme perdu dans une perpétuelle rêverie, qui contrastait avec un physique de bûcheron, et une voix de basse. Hayden s’est surtout illustré dans le film noir, où nul n’a oublié ses prestations dans « QUAND LA VILLE DORT » et « ULTIME RAZZIA », et a tourné jusqu'à un âge assez avancé, où il apparut avec un nouveau look de vieux beatnik hirsute. Le seul acteur apte à se réclamer de son héritage, semble être Nick Nolte.
Hayden débute dans le western, en jouant le magnat odieux de « EL PASO », un rancher dont la propriété est détruite dans « LES FLÈCHES BRÛLÉES », un bâtisseur de voie ferrée dans l'Ouest dans « LES RIVAUX DU RAIL », un homme emprisonné à tort dans « HELLGATE », un capitaine dans « KANSAS PACIFIC ». Hayden touche enfin le jackpot avec le rôle-titre de « JOHNNY GUITARE », western mythique, adulé des cinéphiles français, où il incarne un pistolero joueur de guitare, hanté par ses pulsions de mort, retrouvant celle qui fut l’amour de sa vie. Difficile d’imaginer qui que ce soit d’autre dans ce personnage romantique, au bout du rouleau, héroïque et désespéré.
Il retourne pourtant aux films de série B : Il est bûcheron dans « TIMBERJACK », incarne Jim Bowie à Alamo dans « QUAND LE CLAIRON SONNERA », un homme de loi dans « THE IRON SHERIFF », un hors-la-loi dans « GUN BATTLE AT MONTEREY », un marin suédois (sic !) dans « TERREUR AU TEXAS », un de ses rôles les plus atypiques. Sterling Hayden finit sa carrière au Far West en apparaissant dans un « spaghetti » : « CIPOLLA COLT », et en incarnant un fameux hors-la-loi dans la minisérie « THE BLUE AND THE GREY ».
Mais il est, et restera toujours, le seul et unique Johnny Logan, plus connu sous le surnom de « Johnny Guitare ».