La mythologie grecque revue et corrigée par le prisme du réalisateur de l’hallucinant « THE CELL », ça peut être absolument sublime, comme totalement kitsch. Eh bien, pas de jaloux, « LES IMMORTELS » c'est les deux à la fois !
Utilisant la technique numérique créée par « 300 » et récemment affinée dans la série « SPARTACUS », le film entraîne dans un univers visuel factice à 100% et mise tout sur le mouvement, la surenchère et… le manque de complexe. On peut sourire au début d’un dialogue ampoulé et solennel, de la voix de bande-annonce du méchant roi Hypérion et de la luxuriance presque écœurante du moindre décor, mais force est de reconnaître qu’on est peu à peu happé par ce monde inconnu, d’autant que Tarsem Singh a l’intelligence de faire se dérouler tout son film dans une semi-pénombre mordorée où on devine les lieux et les silhouettes plutôt que de les voir vraiment. Hormis les scènes dans l’Olympe, franchement risibles et dignes d’une opérette gay, le film réussit son incroyable pari et finit par convaincre, presque malgré soi.
Si les héros Henry Cavill, le prochain Superman by the way et Stephen Dorff, sont un brin pâlichons et manquent de présence épique, Mickey Rourke déchire l’écran dans le rôle du méchant roi scarifié et suant la testostérone. Qu'il arrive à « vendre » un tel personnage et même à le rendre effrayant, prouve la puissance de l’acteur. Il vaut à lui seul qu’on voie le film. Quant à Freida Pinto, elle est une Phèdre qui donne envie de relire ses classiques.
Ni chef-d’œuvre, ni catastrophe, « LES IMMORTELS » imprime dans la mémoire des images dignes des rêves les plus déments, comme ce village à flanc de montagne, ces vierges enfermées et cuites vivantes dans un taureau d’acier ou cette montagne qui s’effondre sur ces milliers d’attaquants. Du vrai grand spectacle visionnaire et sans limite, qui n’a pour seul ennemi que ses propres excès, qui finissent par endormir l’émerveillement. À voir, de toute façon.