Le personnage emblématique de Spartacus a été tellement marqué par Kirk Douglas et le film de Kubrick a tant frappé les esprits, qu'il faut un temps d’adaptation pour accepter la nouvelle image proposée par cette série. Le style d’abord, celui des « graphic novels » adaptée à l’écran, avec ralentis à tout bout de champ, giclures de sang numérique, nudité frontale, langage ordurier. On dirait un remake de « 300 » revu par le Tinto Brass de « CALIGULA ».
« SPARTACUS : LE SANG DES GLADIATEURS » fait d’abord sourire par ses excès permanents. Puis peu à peu, les protagonistes s’étoffent, les conflits prennent corps, le scénario devient plus tortueux et on est happé dans cet univers complètement factice sans même s’en rendre compte. Les grands thèmes de la série sont l’humiliation de l'homme par l'homme, la trahison, l’ambition politique, le tout vu à travers les yeux d’un guerrier thrace devenu esclave, puis gladiateur et rebaptisé ‘Spartacus’ par son maître. Andy Whitfield habite littéralement ce rôle riche et nuancé, passant par toutes les étapes de la révolte et de la rédemption. Sa prestation est d’autant plus poignante et troublante, qu’on sait que l’acteur est décédé peu de temps après la diffusion. Cela donne une dimension quasi-mystique à toute la série. À ses côtés, que des comédiens d’exception : John Hannah remarquable en ‘laniste’ manipulateur et sans scrupule, aussi haïssable que fascinant par son manque total d’humanité. Lucy Lawless est extraordinaire dans le rôle de sa femme sensuelle et cruelle et Peter Mensah crève l’écran en ‘coach’ implacable mais juste sous son masque impassible.
Quand on a accepté le look singulier de la série, avec ses décors virtuels, ses effets visuels surabondants, sa complaisance dans le sexe et la violence, on comprend que « SPARTACUS » est une grande réussite du péplum admirablement bien recyclé et que sa revisite du mythe fait pâlir l’imagerie aseptisée du passé.
À noter que la saison 2 est une ‘prequel’ dans laquelle Spartacus n’apparaît pas et que la 3 est une suite à la 1ère avec un autre comédien dans le rôle-titre.