« LA MANO CHE NUTRE LA MORTE » (litt. : « LA MAIN QUI NOURRIT LA MORT ») est une de ces sublimes arnaques dont seuls étaient capables nos amis italiens. Tourné en même temps que « LE AMANTI DEL MOSTRO », dans les mêmes décors, avec le même casting, les mêmes accessoires, la même équipe, utilisant carrément des plans de son film-jumeau, cet incroyable nanar nous entraîne dans les bas-fonds de l’escroquerie à deux balles.
Le scénario – ou ce qui en tient lieu – est entièrement pompé sur « LES YEUX SANS VISAGE ». Klaus Kinski, qui joue un professeur ‘Nijinski’, assassine des jeunes femmes pour prélever des morceaux de leurs corps et les greffer à la fille de son mentor décédé. Sœur d’une des disparues, l’héroïne démasque le criminel.
La photo est d’une laideur indescriptible, la mise en scène n’est qu’un enchaînement de coups de zoom nauséeux, les acteurs dépassent l’entendement : comment ne pas s’écrouler de rire devant l’assistant bossu et boiteux de Kinski (qui ne s’appelle pas Igor, mais presque !) avec sa tête de charcutier napolitain ? Comment ne pas s’étouffer d’hilarité en voyant la séquence de lesbianisme la plus inutile et mal filmée de mémoire de voyeur ? Et comment ne pas imaginer les problèmes rencontrés pendant le tournage, quand on s’aperçoit que Kinski est remplacé par une doublure (qui ne lui ressemble absolument pas) pendant les scènes de chirurgie ‘gore’ et pitoyables ?
Le premier film était lamentable, celui-ci est affligeant, mais au moins les producteurs en ont eu deux pour le prix d’un. Et on les en félicite ! À voir donc pour l’amateur pervers de bizarreries sur pellicule et pour le fan de Klaus, qui déambule l’air irrité et impatient, sanglé dans un costume trop serré, dans un rôle de savant fou qu'il joue distraitement sans même faire l’aumône d’une grimace ou d’une crise de démence. Le seul gros-plan de ses yeux fous est piqué dans « LE AMANTI DEL MOSTRO » !
Il n’y a pas à dire, on savait rigoler en 1974, en Italie…