« LA CHANSON DU PASSÉ » est le dernier des trois films que tournèrent ensemble Irene Dunne et Cary Grant et, malgré la signature de George Stevens, on peut penser qu'il s’agit du pire !
Ce mélodrame de deux heures relate la relation d’un couple depuis leur rencontre jusqu'au quasi-divorce, via une série de flash-backs amenés par l’épouse qui écoute des disques dont chaque chanson la ramène à ses souvenirs. Si le début en forme de comédie romantique peut séduire, le film s’égare rapidement dans des ruptures de ton impromptues (les séquences interminables avec le bébé virent au burlesque) et s’enlise dans du mélodrame franchement bizarroïde avec ces curieuses histoires d’adoption. Qu’a voulu raconter le film, exactement ? Qu’un couple ne peut fonctionner sans enfant ? Qu’à la mort d’un enfant, il suffit d’en adopter un autre pour que tout s’arrange ? La fin soi-disant ‘happy’, laisse sur un drôle de malaise.
Et que dire des séquences « japonaises » tournées en studio avec des transparences ridicules ? Et de ce tremblement de terre involontairement hilarant ? Et du personnage joué par Edgar Buchanan, sorte de version mâle et « caucasienne » de la nounou de « AUTANT EN EMPORTE LE VENT » ?
Généralement sobre et effacé, hormis quelques dérapages incontrôlés, Grant semble s’ennuyer dans ce rôle de loser velléitaire, hormis dans la séquence où il supplie un juge de lui laisser la garde de sa petite fille, où il se montre étonnamment émouvant. Miss Dunne contient elle aussi sa propension au cabotinage, mais force sur le lacrymal.
« LA CHANSON DU PASSÉ » est un film pénible et empesé dont l’épilogue met mal à l'aise et laisse vaguement consterné.