Il n’y aurait pas de quoi s’offusquer d’un film comme « LA BABY-SITTER », petit ‘giallo’ multinational tourné à Rome et qui en vaut bien d’autres, s’il ne comptait autant de noms prestigieux à son générique. À commencer par René Clément, dont ce sera d'ailleurs le dernier film. Difficile de croire que le grand réalisateur de « JEUX INTERDITS », « GERVAISE » ou « LE PASSAGER DE LA PLUIE » ait pu achever son parcours avec cette série B mal écrite, aussi mal ficelée qu’un Joe D’Amato et interprétée de façon abyssale, lui qui était justement célèbre pour la précision maniaque de sa direction d’acteurs.
Des auteurs renommés comme Mark Peploe, Luciano Vincenzoni et Laird Koenig se sont relayés pour pondre ce suspense anémique, vaguement inspiré de l’univers de Sébastien Japrisot. Une jeune femme prise dans un engrenage mortel, des ennemis à plusieurs visages, un enfant en danger… Tous les éléments sont pourtant présents. Mais « LA BABY-SITTER » patine dès ses premières séquences, connaît un temps mort de presqu’une heure et s’achève dans la confusion la plus totale. Quant aux coups de zoom, aux raccords approximatifs, on a du mal à se convaincre qu'ils sont signés du perfectionniste de « PLEIN SOLEIL ».
Le cast est tout aussi aberrant : deux jeunes comédiennes révélées par Bertolucci (Maria Schneider) ou Polanski (Sydne Rome) aussi inexpressives que possible, un comique italien flasque (Renato Pozzetto), deux ex-vedettes de télé U.S. (Robert Vaughn et Vic Morrow). Tous semblent faire leur film perso sans se mêler à leurs partenaires. Vaughn est amusant en ancienne star de western avaricieuse, les yeux trop maquillés et Morrow joue une brute épaisse sans... aucune épaisseur.
Oui, si « LA BABY-SITTER » avait été un film de série anonyme, avec Fabio Testi et Rosalba Neri on n’y aurait jeté qu’un rapide coup d’œil, sans même aller jusqu'au bout. Mais étant le dernier film de René Clément, on reste sur une sensation bizarre.
Disons plutôt que « LA COURSE DU LIÈVRE À TRAVERS LES CHAMPS » est véritablement l’ultime œuvre aboutie du grand cinéaste. Et rideau.