Les récents ‘films de crocs’ « DARK WATER », « ROGUE » ou « LAKE PLACID » ont un aïeul intitulé « L’INCROYABLE ALLIGATOR », qui se trouve être également celui du « GODZILLA » de Roland Emmerich, pour ce qui est de la construction du scénario.
Bien sûr, un film de monstre des années 80 a forcément vieilli. Mais grâce au travail du scénariste (et réalisateur lui-même de films indépendants) John Sayles, il est encore tout à fait visible aujourd'hui. Au lieu de tout concentrer sur les séquences spectaculaires et le gore, Sayles soigne ses personnages qui ont tous une véritable épaisseur humaine et il signe un dialogue drolatique souvent spirituel et décalé. Ainsi le héros-flic même s’il est – comme d'habitude – traumatisé par son passé, est-il surtout obsédé par sa calvitie naissante. De même l’héroïne (une spécialiste des reptiles, évidemment) vit encore avec sa môman.
On peut donc, sans être fan de grosses bébêtes tueuses, s’amuser de « L’INCROYABLE ALLIGATOR », d’autant que les F/X sont étonnamment réussis pour l’époque. Le montage entre le croc mécanique, les petits sauriens évoluant au milieu de maquettes et les gros-plans de gueule béante est assez adroit pour rendre la bestiole aussi crédible que menaçante.
Ajoutons une pincée d’écologie, de défense des animaux, punissons au passage les industriels sans scrupule et les trafiquants et on obtient une série B sympathique et jamais ennuyeuse.
Robert Forster est excellent dans le rôle du flic caractériel, à cent lieux de l’archétype machiste de l’emploi. Parmi les seconds rôles quelques vieux de la vieille comme Dean Jagger, Henry Silva dans un personnage clin d’œil aux « DENTS DE LA MER » (ce n’est pas le seul « hommage », d'ailleurs), Michael V. Gazzo curieux commissaire à tête de mafioso et des revenants comme Mike Mazurki ou Sue ‘Lolita’ Lyon dans des apparitions de quelques secondes. En un mot : rien que du ‘cool’ !