Soyons clairs : le seul (petit) intérêt de « FRIGHT » aujourd'hui est uniquement rétrospectif. Tourné au début des seventies par l’inégal anglais Peter Collinson, il est clairement l’ancêtre des ‘slashers’ de la fin de la décennie comme « TERREUR SUR LA LIGNE » ou « LA NUIT DES MASQUES ».
La baby-sitter isolée dans une maison lugubre, un psychopathe qui rôde, un boy friend assassiné, tout y est ou presque. À part qu’ici, nulle trace de fantastique, le scénario est simpliste et scolairement écrit, la photo fait très téléfilm BBC et Collinson ne sait qu’empiler les extrêmes gros-plans de visages et les coups de zoom pour susciter la terreur. C'est évidemment raté. Et comme sa direction d’acteurs – la grosse faille de ce réalisateur – est plus que flottante, il ne reste pas grand-chose à se mettre sous la dent. Il faut voir à quoi en est réduit ce généralement bon acteur qu’est Ian Bannen, jouant ici le croque-mitaine. Les yeux sortant des orbites, grinçant des dents, gloussant et marmonnant, il compose un échappé d’asile entre le débile profond et le monstre de Frankenstein. À mourir de rire !
Susan George, sorte de Brigitte Bardot version ‘swinging London’, en fait elle aussi des tonnes dans la trouille hystérique. On se console comme on peut avec ses minijupes complaisamment filmées. On reconnaît Honor Blackman (qui joua la mère de Susan George dans « L’ANGE ET LE DÉMON ») en maman étouffante.
Étape dans la naissance d’un sous-genre du film à suspense, « FRIGHT » est difficile à regarder 40 ans plus tard et encore plus à apprécier. La faiblesse du scénario, la nullité presque comique des « coups de théâtre » et la fin d’un grotesque surréaliste, ne laissent aucune chance au film d’acquérir un statut culte, même au dixième degré. Reste Susan donc, bien jolie à voir. Enfin – dans les rares plans où elle ne hurle pas.