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17 octobre 2011 1 17 /10 /octobre /2011 06:21

ALWAYS TOMORROW (2)L’allemand Douglas Sirk fut le roi du mélodrame flamboyant hollywoodien. Aussi quand il reforme douze ans après, le couple mythique de « ASSURANCE SUR LA MORT », s’attend-ALWAYS TOMORROW (1)on à une love story cornélienne et lacrymale. Quelle n’est pas la surprise en découvrant « DEMAIN EST UN AUTRE JOUR » !

Le film est une attaque sans pitié contre le Rêve Américain, qui met à mal l’imagerie d’Épinal véhiculée par le cinéma et les sitcoms télé de la famille ‘middle class’. Fred MacMurray est un fabricant de jouets étouffant dans la médiocrité de ALWAYS TOMORROW (3)son quotidien. Ses trois enfants règnent en maîtres à la maison, sa femme se consacre à 100% à son rôle de mère idéale et lui est ignoré, traité en quantité négligeable. Aussi, quand il retrouve un amour de jeunesse (Barbara Stanwyck), tombe-t-il aussitôt amoureux. Ce fantôme du passé apparaît comme une bouée de sauvetage et aussi un mirage impossible.

Magnifiquement photographié par Russell Metty, fréquent collaborateur de Sirk, « DEMAIN EST UN AUTRE JOUR » utilise toutes les ficelles narratives et techniques du cinéma commercial U.S. pour mieux le dynamiter de l’intérieur. La « famille modèle » va sortir les griffes et se liguer pour ramener la brebis égarée au bercail et éloigner la tentatrice. Et le pauvre MacMurray renoncera définitivement à ses rêves, à la passion et aussi à ses dernières bribes de jeunesse, pour rentrer dans le rang et ne plus jamais déranger l’ordre établi. Le plan génialement synthétique, montrant le robot-jouet avançant droit devant lui, alors que MacMurray pleure devant la fenêtre, sous la pluie, est un des plus beaux du film.

C'est un des meilleurs rôles de ce comédien singulier, dont on dit qu'il « inventa » l’underplay. Il est ici formidable de tourmente refoulée, de frustration larvée. Face à lui, Stanwyck tient le rôle plus désincarné de « l’autre femme », celle qui a choisi la réussite sociale plutôt que le mariage et le confort familial et se retrouve seule à l’automne de sa vie.

ALWAYS TOMORROW

C'est une œuvre terriblement lucide et incisive, incroyablement adulte et amère. La fin est la plus « unhappy end » de l’Histoire des « Happy ends ». Oui, tout est rentré dans l’ordre… Et la maison coquette pleine d’enfants, où attendent de bons petits plats et le journal du jour, se referme sur le protagoniste, comme la porte d’un caveau. Au secours !

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