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9 avril 2011 6 09 /04 /avril /2011 08:58

Après la trilogie du « PARRAIN » et la série « LES SOPRANO », « CORLEONE » s’inscrit instantanément dans les chefs-d’œuvre du film de mafia. Découpée sur six films de 90 CORLEONEminutes, cette bio de Totó Riina, le ‘capo dei capi’ (le chef des chefs), le ‘corleonese’ venu des terres les plus misérables de Sicile, réunit tout ce qu’on aime dans le cinéma italien.

Si le premier film évoque bien sûr les flash-backs de la saga de Coppola, la suite retrouve les accents du cinéma des seventies : on voit passer les mânes d’Elio Petri, Francesco Rosi, Gillo Pontecorvo, au fil de ces années de violence et de conquête du pouvoir. C'est constamment passionnant, informatif et documenté sans jamais cesser d’être distrayant. De plus, les comédiens étant totalement inconnus (en France, tout du moins), l’identification à leurs rôles est totale.

Claudio Gioè est particulièrement saisissant en Riina. Petit, râblé, rugueux comme un silex, mû par la haine et l’esprit de revanche, il se déshumanise progressivement, sombre dans la paranoïa et n’offre jamais matière à fascination ou empathie, comme pouvait le faire Pacino dans le rôle de Michael Corleone, par exemple ou même Scarface. Face à lui, dans un personnage fictif, Daniele Liotti est remarquable dans le rôle du flic, ex-ami d’enfance de Totó, qui le traque toute sa vie, tel une ombre, une mauvaise conscience, un jumeau en négatif. Magnifique idée scénaristique ! Et deux comédiens qu’on a envie de revoir ailleurs.

Les figures comme le général Dalla Chiesa, le juge Falcone, passent au fil d’épisodes rythmés par les exécutions sommaires. « CORLEONE » trace un panorama réaliste et effrayant de la mainmise de la Cosa Nostra sur l’Italie. Tout un pays qui semble régi par un petit homme exilé dans sa maison à la campagne, passant ses journées à nourrir ses poules et à décider de qui doit vivre ou mourir.

« CORLEONE » est une réussite majeure, au moins digne des meilleurs téléfilms anglo-saxons, à découvrir urgemment.

 

À NOTER : la curieuse jaquette du DVD, qui évoque clairement la silhouette de Brando dans la séquence du mariage dans « LE PARRAIN ». À y regarder de plus près, on s’aperçoit qu'il s’agit en fait du… flic, Liotti, qui évidemment ne porte jamais un smoking dans la série !

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commentaires

M
Moi non plus, je n'ai pas vu la série, car elle est restée (et... refrain !) inexportée en Amérique du Nord.<br /> <br /> Par contre je signale, euphorique, la sortie sur DVD français le mois prochain de MAFIOSO, noire comédie satirique sur la mafia (1962) avec Alberto Sordi, co-écrite par mes idoles Age &<br /> Scarpelli. Au moment de sa sortie, Leonardo Sciascia, fameux écrivain sicilien et grande figure de l'antimafia, avait adoré ce film : phénomène rarissime chez les intellos de l'époque, qui<br /> méprisaient profondément la 'comédie à l'italienne'.
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E
Merci de nous faire découvrir ce bijou !<br /> Que pensez-vous de Romano criminale, autre série italienne ?
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F
<br /> <br /> J'ai vu le film mais pas la série... <br /> <br /> <br /> <br />
M
« À NOTER : la curieuse jaquette du DVD, qui évoque clairement la silhouette de Brando dans la séquence du mariage dans « LE PARRAIN ».<br /> <br /> Eh oui, c'est que ces distributeurs français refusent de sortir de l'imaginaire américain dès qu'il est question de la mafia. C'est comme pour la pochette mensongère du DVD de l'excellent 'Lucky<br /> Luciano' de Francesco Rosi, qui fait penser à un énième "film de gangsters avec des gunfights", alors que c'est le film d'un historien de la mafia.<br /> <br /> C'est d'autant plus enrageant que la mafia des films américains est franchement plutôt imaginaire, notamment parce que la mentalité américaine (et britannique) n'en revient pas, pour ainsi dire,<br /> elle est comme ergoteusement obnubilée par le fait que l'on puisse être Italien, catholique, etc, et tend à déduire la Mafia de l'italianité de ses perpétrateurs, comme s'il s'agissait d'une sorte<br /> d'atavisme ancestral. (Certains historiens anglais et américains font le même coup avec le fascisme, comme le relève, navré, l'historien Pierre Milza). Ils ne comprennent pas que «la structure de<br /> base de la mafia ce n'est pas la famille, mais plutôt un réseau horizontal de connivences, autrement dit l'amitié», comme disait l'écrivain sicilien Leonardo Sciascia, qui s'y connaissait foutument<br /> bien.<br /> <br /> Mais surtout, les films américains sur la mafia sont terriblement mous du genou pour ce qui est de la rage antimafia, à laquelle on préfère souvent une fascination trouble pour "the mob". Ce qui<br /> est génial dans CORLEONE, c'est que la rage antimafia monte d'elle-même, sans discours ni (presque) dialogues sentencieux, tout simplement parce que Riina devient de plus en plus odieux et tue de<br /> plus en plus facilement: le juge Terranova, le policier Boris Giuliano, le juge Costa, le démochrétien Matarella (qui s'était juré que les appels d'offres seraient de vrais appels d'offres), le<br /> communiste La Torre (un juriste de choc qui a conçu tout un arsenal législatif, adopté plus tard dans plusieurs pays étrangers dont le mien), le général Della Chiesa, les juges Falcone et<br /> Borsellino. Donc au début la série est surtout historique, s'efforce de bien nous tremper dans le contexte sicilien et dans la misère (non seulement matérielle mais morale) d'après la Seconde<br /> Guerre mondiale, mais d'un épisode à l'autre, les faits - c'est-à-dire les cadavres - s'empilent. Le tout jeune Totò Riina misérable et affamé de 1943 est presque sympa, ainsi on comprend tout à<br /> fait pourquoi il en veut au vil meunier exploiteur (quoique lu tuer tous ses moutons, déjà...) et puis on commence à le prendre en grippe, on veut l'étrangler, la "vieille mafia" a presque l'air<br /> innoffensive (!!) comparée à ce cochon assoiffé de sang, et on finit les deux derniers épisodes carrément dans la haine.<br /> <br /> À noter dans le premier épisode l'histoire du syndicaliste assassiné, qui rappelle un épisode similaire dans le classique 'Confessions d'un commissaire de police au procureur de la République'.<br /> <br /> Claudio Gioè est d'un naturel terrifiant.
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F
<br /> <br /> Je pensais bien que ça ne pourrait que te plaire, "CORLEONE" ! <br /> <br /> <br /> <br />

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