Tourné au début de la vogue du ‘spaghetti’, « UN PISTOLET POUR RINGO » est un film dynamique et débordant d’idées scénaristiques, qui propose un antihéros âpre au gain mais jovial, annonçant avec quelques années d’avance les personnages de Terence Hill. Ici, c'est Giuliano Gemma (Montgomery Wood au générique !) qui endosse la défroque de ce pistolero qui apparaît pour la première fois en train de jouer à la marelle avec des gamins, et qui ne boit que du lait.
Duccio Tessari prend sciemment le contrepied des super-héros leoniens, en désacralisant son Ringo, dont le spectateur ne sait lui-même que penser, tant il retourne souvent sa veste.
Le film tire un peu à la ligne, car une fois la prise d’otages accomplie, tout le monde reste sur ses positions et une sorte d’immobilité s’installe. Un peu trop longtemps pour soutenir l’intérêt jusqu'au bout. Néanmoins, si le cabotinage éructant de Fernando Sancho finit par taper sur les nerfs, les deux femmes : la brune et glacée Nieves Navarro et la blonde piquante Holly Hammond (encore un pseudo) sont excellentes et bénéficient – chose rare dans le genre – de vrais personnages, soigneusement écrits.
Il y a d'amusantes ruptures de ton allant jusqu'au marivaudage, quelques clins d’œil culturels : Shakespeare cité en pleine fusillade, le moulin à vent très peu westernien, sorti tout droit de l’œuvre de Cervantès, des cadrages méticuleusement composés, qui sortent « UN PISTOLET POUR RINGO » du commun du western italien. Sans oublier la BO d’Ennio Morricone, sans doute pas sa plus mémorable, mais dans laquelle on reconnaît des amorces de « COMPAÑEROS » ou « MON NOM EST PERSONNE ».