Une adaptation de Jim Thompson, c'est toujours intrigant. Même si les productions passées ont été extrêmement inégales, on attend le film qui saura retrouver l’âme des romans noirs et désespérés de l’auteur. « THE KILLER INSIDE ME » n’est pas passé loin. Mais malgré une vraie recherche d’ambiance, un casting affûté, le film souffre du même mal que les précédents opus de Michael Winterbottom : le manque de rythme. Il faut vraiment s’accrocher pour ne pas laisser son esprit vagabonder pendant les deux premiers tiers, d’autant plus que certaines répliques sont impénétrables et que les effets de montage s’avèrent aussi redondants que lassants.
La caméra ne lâche pas d’une semelle Casey Affleck, dont la composition de serial killer impavide à la diction monocorde est certes intéressante, mais empêche toute empathie et a fortiori identification. On suit donc avec une bonne dose d’indifférence les pérégrinations de ce meurtrier déguisé en shérif, dont la logique pervertie dicte les actes les plus atroces. Il y a d'ailleurs dans le film deux meurtres de femmes à coups de poing et de pied qui sont proprement insoutenables. L’insistance à tout montrer, à ne rien épargner finit par mettre légèrement mal à l'aise, car ces séquences deviennent finalement les pivots et les points d’orgue du film.
Autour d’Affleck, la toujours craquante Jessica Alba dans un rôle de prostituée maso, Simon ‘mentalist’ Baker en procureur quelque peu transparent ou Kate Hudson, quasi-méconnaissable.
« THE KILLER INSIDE ME » est un film qu'il est difficile de rejeter complètement, car il est esthétiquement soigné et contient quelques séquences mémorables, mais qu'il est encore plus ardu de défendre passionnément tant il semble parfois artificiel et froid. Selon l’humeur…