En découvrant l’affiche de ce film franco-italien, on peut réagir en se disant qu’un face à face entre Norman Bates et Paul Kersey doit être forcément saignant et prometteur d’émotions fortes. Erreur !
Monté par Raymond Danon, collaborateur assidu d’Alain Delon dans les années 60, « QUELQU'UN DERRIÈRE LA PORTE » fut tourné en studio à Boulogne-Billancourt. Tiré d’un roman de Jacques Robert (« MARIE-OCTOBRE »), le film est confié au suisse Nicolas Gessner alors spécialiste des films multinationaux.
Il s’agit d’un ‘suspense psychologique’ en quasi huis clos, offrant à Charles Bronson un rôle d’amnésique violent et lent d’esprit, manipulé jusqu'au meurtre par un médecin cocu avide de vengeance. Le ‘pitch’ est intéressant, le thème de la manipulation mentale va même assez loin : de mensonge en fausses preuves, Anthony Perkins finit par faire endosser sa propre vie à cet inconnu qui devient son pantin téléguidé. Le film hélas, n’est pas vraiment au niveau. Paresseusement théâtral, excessivement bavard, il s’étire jusqu'à sa conclusion inévitable. On a quand même droit à une scène assez insensée : Bronson s’excitant devant un polaroïd de la femme du médecin (qu'il pense être la sienne, donc) et celle-ci est jouée par… Jill Ireland ! Difficile de faire plus tordu…
L’air hagard, l’œil constamment exorbité, la diction heurtée, l’index rageusement pointé, Bronson le roi de l’underplay surjoue et passe à côté de son rôle. Son amnésique anonyme a davantage l’air d’un idiot du village que d’un dangereux échappé d’HP. Sa scène finale avec Jill Ireland et Henri Garcin l’amant de celle-ci, semble sortie d’un mauvais boulevard tant elle est mal conçue, mal jouée. Quasi-comique. Dommage, car il est plutôt bien dans les scènes où il ne dit rien, comme sa dérive finale sur la plage.
Seul s’en sort Perkins, qui a la sagesse de se réfugier dans une sobriété reposante (qui ne lui ressemble d'ailleurs pas !) et traverse le film sans dommage. Peut-être aurait-il mieux valu inverser les rôles ?
Parmi les bons points à mettre à l’actif de « QUELQU’UN DERRIÈRE LA PORTE » : quelques extérieurs fouettés par les embruns à l’atmosphère angoissante et l’excellent choix de Béla Bartók pour l’essentiel de la BO.
À NOTER : le film est inédit en DVD en France, mais trouvable un peu partout ailleurs en Europe, dans un excellent transfert et des v.f. et sous-titres à foison.