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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 18:15

SET UPGrand classique du ‘film noir’ et aussi du film de boxe, « NOUS AVONS GAGNÉ CE SOIR » n’a probablement suscité aucune vocation de pugiliste ! L’univers décrit par Robert Wise est cauchemardesque : des vestiaires minuscules, surchauffés où se préparent de pauvres types partant à l’abattoir, des gradins où se bouscule la lie de l’humanité, pendant que sur le ring le « noble art » ressemble plus à de sinistres bagarres de rues où tous les coups sont permis.SET UP (1)

Avec ce film condensé sur une heure dix et des poussières, Wise fait étalage de son génie d’ex-monteur. Il ne se permet aucune ellipse, respecte le « temps réel » et n’épargne rien de ce combat truqué qui va mal tourner. En effet, Stoker (Robert Ryan) est un boxeur tellement lessivé, que son manager ne prend même pas la peine de l’informer qu'il doit se « coucher », tant il est sûr qu'il va perdre de toute façon. Manque de pot, c'est justement ce soir-là que le boxeur vieillissant va tenter de regagner une once de sa dignité perdue. Le prix évidemment, sera exorbitant.

Noir, noirissime même, filmé en ombres dures comme le monde qu'il dépeint, « NOUS AVONS GAGNÉ CE SOIR » est une vraie leçon de cinéma. En passant sans cesse du ring au public, Wise nous tend un miroir peu flatteur : l’obèse se bâfrant pendant tout le match, l’aveugle sadique, l’imbécile vissé à sa radio, la rombière assoiffée de sang, ces immondes personnages au visage luisant de sueur, d’une laideur repoussante, dont on sent presque la puanteur, on finit bien vite par comprendre que… c'est de nous-mêmes qu'il s’agit !

SET UP (2)

Le film doit beaucoup à l’investissement de Ryan. Sur son visage encore jeune, on devine déjà le vieil homme qu'il allait devenir, son corps décharné, sec, semble créé pour souffrir et encaisser les coups, ses rêves s’estompent, mais il conserve une douceur, une humanité que les autres ont perdu. À ses côtés, Audrey Totter est remarquable, faisant tout passer avec un minimum de dialogue : la fatigue, les désillusions, l’amertume et même l’espoir. Tous les petits rôles sont parfaitement choisis.

Aïeul lucide et terriblement déprimant des « ROCKY », « RAGING BULL » ou « DE L’OMBRE À LA LUMIÈRE », ce très grand film n’a pas pris une ride et la maîtrise de Mr Wise est positivement soufflante.

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