« LILIANE » (qui est un drôle de titre français, vu que personne n’appelle jamais l’héroïne ainsi pendant tout le film !) est une œuvre assez hallucinante, surtout au vu de son année de production. Prostituée par son père depuis l’âge de 14 ans, Barbara Stanwyck fuit sa ville ouvrière à la mort de celui-ci pour débarquer à New York. Elle choisit au hasard un gratte-ciel abritant une grosse banque et va gravir tous les échelons, en couchant avec à peu près tous les hommes qu'elle contient. Il faut dire qu’avant son départ, elle avait été briefée par un vieil excentrique qui lui lisait des passages de Nietzsche et lui conseillait d’utiliser les hommes et de bannir tout sentiment. De bonnes bases !
S’il commence et finit en mélodrame, « LILIANE » est en son milieu une semi-comédie assez osée. À chaque amant qu'elle fait tomber, Stanwyck monte d’un étage et la caméra s’attarde sur une nouvelle fenêtre du building : toujours plus haute ! Cynique, rouée, allumeuse, vulgaire et très futée, Miss Stanwyck ne cherche jamais à ajouter de pathos à son rôle. Lily est une « traînée » sans foi ni loi, une croqueuse d’hommes complètement désinhibée et c'est ce qui la rend unique dans ce cinéma pré-Code Hays des années 30. L’épilogue larmoyant semble franchement plaqué et superflu. À ses côtés, outre l’insupportable George Brent en playboy niais, on aperçoit – en ayant un œil de lynx – un tout jeune John Wayne à contremploi en employé de banque nigaud qui aide Lily dans son ascension et qu'elle laisse bien évidemment sur le carreau. On ne le voit que dans deux petites séquences.
Pour qui voudrait plonger dans l’exceptionnelle filmo de Barbara Stanwyck, « LILIANE » semble être une parfaite initiation.