« LE SECRET » est un curieux thriller kafkaïen, focalisé sur un mystérieux fugitif dont on ne saura pratiquement rien, hormis qu'il est traqué par « l’État » pour avoir découvert quelque chose de terrible. Du moins à ce qu'il raconte. L'homme se réfugie dans la montagne, chez un couple d’ermites qu'il va entraîner dans sa course folle vers la mort.
Entièrement – ou presque – concentré sur le trio, « LE SECRET » tient en fait sur les épaules de Jean-Louis Trintignant grand spécialiste des rôles d’hommes traqués. Les auteurs ont intelligemment utilisé son ambiguïté naturelle en laissant planer le doute sur ce qu'il est vraiment : l’innocente victime d’un complot aux ramifications effrayantes ou un mythomane paranoïaque et dangereux. D'ailleurs, plus le film avance, plus l’acteur joue en virtuose sur les deux tableaux en même temps, l’un n’empêchant d'ailleurs pas l’autre ! Étonnante interprétation qui maintient l’intérêt à elle seule. Philippe Noiret et Marlène Jobert jouent un couple mal assorti, sans avoir réellement de grain à moudre, mais leur métier et leur présence familière donnent un peu d’épaisseur à leurs personnages.
Bien filmé et photographié, le film pâtit de détails qui le plombent, comme certains seconds rôles atrocement mal interprétés, par ce choix discutable de quitter le trio pour des séquences parallèles ennuyeuses et purement informatives qui font décrocher. Mais le plaisir de retrouver la fine fleur des acteurs français de l’époque, d’entendre la BO d’Ennio Morricone et de voir Trintignant dans ses œuvres, nous fait oublier ces menues misères.