« LA POURSUITE IMPLACABLE » commence comme un thriller de série B italien plutôt banal, mais rendu attirant par son étrange casting. Puis à la surprise générale, il se développe de façon tout à fait inattendue en ‘road movie’ à travers l’Italie et la France et s’achève en complot politique agrémenté d’un discours sur la société et ses différentes façons de se protéger (« L’administration, la prison et le revolver »).
Si l’emballage a pas mal vieilli : la garde-robe monstrueuse de Fabio Testi et surtout de Daniel Beretta jouant un sous-Johnny Hallyday, l’emploi du zoom et la BO « belmondienne » d’Ennio Morricone, le film tient étonnamment bien la route et se laisse suivre sans une ombre d’ennui. Cela doit beaucoup à la présence tendue et sanguine d’Oliver Reed, jouant un ex-flic devenu directeur de prison napolitain (sic !), pris dans un engrenage fatal. Il ne décroche pas un sourire de tout le film, semble constamment prêt à faire un infarctus tant il est à cran, et occupe l’espace avec un métier qui force le respect. Face à lui, dans un rôle de malfrat drolatique à cervelle d’oiseau, Testi est lui aussi très bien, faisant croire à l’étrange amitié naissant entre les deux hommes. Dans un casting de copro italo- française, on reconnaît la très ravissante Agostina Belli, le toujours inquiétant Marc Mazza en juge et même – en cherchant bien – Bernard Giraudeau quasi-figurant en passant qui se prend une balle au visage.
Bien construit, mais s’autorisant quelques digressions nullement désagréables, simple et linéaire, mais cherchant visiblement à créer un sous-texte politique (un peu fumeux, certes…), ce film est une heureuse surprise et confirme que Sergio Sollima fut un des meilleurs faiseurs italiens de cette époque, celui dont les films ont le mieux passé l’épreuve des ans.
À NOTER : le titre original est « REVOLVER », alors que les seules armes de poing utilisées dans le film sont des… pistolets !