Mise en actualité d'un post édité en mars 2011, afin de coller à la sortie française du DVD.
Le scénario de « CHACUN POUR SOI » est une variation sur le thème du « TRÉSOR DE LA SIERRA MADRE ». À savoir la fièvre de l’or et ses conséquences sur l’âme humaine.
Sous ses dehors de ‘spaghetti western’, le film de Giorgio Capitani va bien plus loin qu’un simple film de genre et une fois le quatuor d’associés-ennemis lancés à la recherche de la mine, l’aventure se résume à une pièce de théâtre à ciel ouvert, une étude étouffante sur l’avidité, l’obsession et la paranoïa.
« CHACUN POUR SOI » pousse le bouchon très loin, puisque tous ses personnages sans exception sont de tristes individus, allant du pathétique au répugnant. À peine pourra-t-on ressentir quelque empathie pour Gilbert Roland, pistolero malade mais élégant. Et encore ! Van Heflin, l’autre vétéran américain du casting, joue à contremploi un prospecteur tanné par le soleil, un ivrogne braillard et matois, jamais attachant. George Hilton est ambigu à souhait en bellâtre formant un couple des plus étranges avec « le blond », serial killer de l'Ouest déguisé en prêtre, vicieux et efféminé, qui le domine complètement. Avec une telle description, facile de deviner qui tient ce rôle : Klaus Kinski, dans une de ses meilleures apparitions dans le genre. Relativement sobre, le teint blême, il campe cet assassin reptilien avec une sorte de morgue rentrée, mais nous offre un ‘Klaus moment’ comme on les aime, lors d’un déluge de pluie où il se roule parterre en hurlant de rire. On se croirait dans « L’EXORCISTE » ! Il ajoute au film un grain de folie et de machiavélisme bienvenu.
Le film est bien construit en trois actes distincts. C'est une sorte d’aller-retour en enfer rigoureusement mené, qui ne cède pas aux tics habituels du western italien et se concentre sur l’évolution des personnages. Un vraiment beau travail, si l’on excepte des coups de zoom très vilains et une BO lancinante et trop invasive. Mais bon... C'est d'époque !
À NOTER : le film est récemment sorti en DVD en Allemagne sous le titre « DAS GOLD VON SAM COOPER », dans une belle copie 16/9 en langues allemande, italienne et anglaise, recomposée à partir d’éléments disparates, puisque le générique est en… français et que des séquences ont été réintroduites uniquement sous-titrées en italien.