« All you need is love » chantaient les Beatles dans cette Angleterre que décrit Mike Leigh de film en film.
C'est la simple morale de « ALL OR NOTHING », film naturaliste excessivement déprimant, plongeant au cœur d’une mosaïque de misère humaine, d’incommunicabilité, de désamour et de désespérance.
Les personnages sont tous voisins dans un complexe HLM sinistre, ils vivent leurs petites vies sordides qu'ils tentent d’oublier en buvant ou en se déchirant les uns les autres. Le panorama est terrible et Mike Leigh nous y fait pénétrer par sa technique filmique très particulière : un filmage traditionnel, refusant le style « à l’arrache », mais une dramaturgie proche du reportage.
De Timothy Spall, ‘taxi driver’ obèse, hébété de malheur et de culpabilité, qui semble constamment au bord du gouffre à l’exceptionnelle Lesley Manville en épouse acariâtre, malheureuse, déçue, en passant par Ruth Sheen, mère-célibataire à l’humour doux-amer, tous les personnages sont concrets, bouleversants, attachants, malgré ou grâce à leurs failles béantes. Comment oublier le regard de cette grosse fille solitaire, hypersensible, qui voit tout et comprend tout, sans jamais rien dire ?
L’auteur ne juge pas ses frères humains – à peine se montre-t-il moins indulgent envers le couple d’ivrognes irrécupérables – et malgré sa volonté de montrer la « vie des autres » telle qu'elle est, il nous gratifie d’une fin ouverte, déchirante, qui enfin, laisse quelque espoir de lendemains meilleurs.