« A SINGLE MAN » suit les dernières 24 heures de la vie d’un professeur qui a décidé de se suicider le soir même. Quadra élégant, secret, solitaire, il n’a toujours pas fait le deuil de son compagnon mort quelques mois plus tôt dans un accident de la route. Nous sommes en 1962, la menace atomique pèse sur les U.S.A. et George n’en a rien à foutre.
Cela pourrait être un de ces films ‘indépendants’ chichiteux et ennuyeux à mourir, mais ce n’est absolument pas le cas. Porté par la performance magistrale de Colin Firth, bon acteur mais qu’on ne savait pas capable d’une telle profondeur, « A SINGLE MAN » avance en reculant, par une savante construction en flash-backs. Là où la mort devrait s’installer, c'est le goût de la vie qui revient progressivement, par touches subtiles. Jusqu'à la fin à la fois inattendue et… pas surprenante. Logique, en somme.
La réalisation ne craint aucun effet, qu'il s’agisse du ralenti, d’un mixage assez osé ou d’un étalonnage des couleurs très « dramatique ». La grande réussite de Tom Ford est d’avoir totalement banalisé l’homosexualité du personnage principal. Elle est intégrée au récit sans qu’on n’y décèle l’ombre d’un jugement ou d’un militantisme quelconque.
Colin Firth occupe 99% du film de sa présence douloureuse et légère à la fois, mais comment ne pas se réjouir de voir réunies deux comédiennes magnifiques comme Julianne Moore et Ginnifer Goodwin ? La première dans un de ces rôles de névrosées ‘borderline’ dont elle s’est fait une spécialité, a rarement été plus belle. La seconde hélas, n’apparaît que très brièvement en voisine mère de famille nombreuse. Mais bon : leur présence témoigne du goût sûr du réalisateur !
Un joli film sur la vie, la mort, le deuil, l’oubli, la fidélité, qui hante bien après sa vision.