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12 août 2010 4 12 /08 /août /2010 08:16

FIL DU RASOIRL’évènement fondateur de la personnalité du protagoniste du film (le sacrifice d’un camarade sur le champ de bataille, qui lui a sauvé la vie) n’est pas montré à l’écran, FIL DU RASOIR (4)seulement raconté. C'est peut-être ce qui rend ce ‘Larry’ si difficile à capter et à comprendre. Si abstrait.

« LE FIL DU RASOIR » trahit ses origines littéraires à chaque détour de scène. La construction est étrange, les ellipses sontFIL DU RASOIR (1) parfois abruptes et les émotions passent beaucoup trop par le dialogue.

Reste que cette adaptation de W. Somerset Maugham – qui est intégré au récit, comme spectateur-commentateur permanent – garde un certain pouvoir de fascination par son thème-même, tout à fait d’actualité. Dans un monde matérialiste qui court à sa perte, un jeune homme en quête de spiritualité et de sens à l’existence, traverse l’après-guerre (la première) comme une sorte de saint illuminé, touché par le doigt de Dieu. Pour un sujet aussi initiatique, on peut regretter que tout ait été tourné en studio, des rues de Paris aux montagnes du Népal. Cela donne aujourd'hui un aspect artificiel au film, sans doute moins gênant au moment de sa sortie.

Malgré l’édulcoration due à la censure d’époque, la description des personnages est assez âpre : de l’oncle implicitement ‘gay’ et mondain, courant derrière les honneurs, à la fiancée obnubilée par l’argent et la réussite sociale, tout le monde dissimule la noirceur de son âme sous des dehors clinquants et joyeux. La beauté époustouflante de Gene Tierney sert magnifiquement de façade à une manipulatrice sans scrupule, trop longtemps sublimée par son entourage. En fait, le seul personnage vraiment humain est joué par l’excellente Anne FIL DU RASOIR (2)Baxter, en jeune veuve qui a sombré dans l’alcoolisme et la déchéance. Ses scènes dans les bouges parisiens sont d’un réalisme détonnant nettement avec le reste.

Tyrone Power est un peu fade, comme toujours, mais suffisamment sympathique pour qu’on l’accepte dans ce rôle complexe. « LE FIL DU RASOIR » oscille constamment entre la grande épopée humaine et le kitsch hollywoodien. Mais si on préfère oublier l’épisode en Inde, esthétiquement ridicule aujourd'hui, on n’oubliera pas la séquence superbe où Gene Tierney froide prédatrice, pousse littéralement Anne Baxter dans la mort, en laissant une bouteille d’alcool à sa portée et s'en va, l'abandonnant à la tentation.

Un film long, inégal, traversé de belles fulgurances, qui réussit en tout cas sur un point important : il donne envie de lire le roman ! Ou de voir le remake

FIL DU RASOIR (3)

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