Il faut se méfier des a priori. Et reconnaître qu’un polar belge tourné en flamand, cela n’a rien de particulièrement excitant. « LA MÉMOIRE DU TUEUR » prouve qu’on a bien tort d’écouter ses préjugés ! Sans être remarquablement filmé, le film tient par la force de son scénario dont l’intensité va crescendo et esquive tous les clichés du genre. Un tueur à gages vieillissant, atteint de la maladie d’Alzheimer (non, Johnnie To n’a rien inventé !) se retourne contre ses employeurs. Son jeu de massacre est suivi de près par un jeune flic dépressif et un lien étrange de noue entre les deux hommes. On dirait la trame d’un polar de Hongkong, mais l’ambiance est très différente et l’accent n’est pas mis sur la violence ou le grand spectacle pyrotechnique. Ici, tout est dans l’ambiance, dans l’empathie qu’on ressent pour cet assassin professionnel qui sent que ses jours – ses heures – sont comptés.
Pourtant, à bien y regarder, le film aurait pratiquement aussi bien fonctionné sans le handicap du ‘hitman’. Sa prise de conscience morale aurait probablement suffi à motiver ses actions et notre sympathie. Cet ajout ne fait qu’accentuer l’impression d’inéluctable et de baroud d’honneur qui plane sur les deux heures de projection.
En fait, le principal intérêt de « LA MÉMOIRE DU TUEUR » est qu’on ne peut se référer à aucun autre polar en le voyant. Et qu’un peu de sang neuf dans ce genre qui se nourrit souvent de lui-même, est vraiment bienvenu. Dans la colonne des points négatifs, à peine pourra-t-on reprocher aux auteurs d’avoir un peu tiré à la ligne. Un quart-d’heure de moins aurait été la durée idéale.