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19 octobre 2012 5 19 /10 /octobre /2012 17:58

FEAR DESIRE (1)Tous les cinéphiles ou presque sont des complétistes de Kubrick. Et depuis plus d’un demi-siècle, ils souffraient du même mal : l’invisibilité du premier long-métrage du réalisateur, « FEAR AND DESIRE », dont on murmurait même qu'il ne restait aucune copie, tant son auteur en avait honte. Autrement dit, personne au monde ne pouvait affirmer sans mentir FEAR DESIRE (3)avoir vu TOUS les films de Stanley Kubrick !

On vit peu à peu apparaître des extraits sur le Web, mais dans un tel état de dégradation, qu’on ne pouvait juger quoi que ce soit.

Alors bien sûr, quand débarque subitement une édition Blu-ray, restaurée et plus que décente, on a peine à y croire. Et pourtant, aujourd'hui « FEAR AND DESIRE », film mythique parmi les grands serpents de mer du 7ème Art, est offert à tous. Et on a soudain peur d’être horriblement déçu.

Rassurons-nous. Sans être un chef-d’œuvre méconnu, le film vaut absolument d’être découvert et s’inscrit logiquement dans la filmo du maître.

La réalisation comme le scénario, sont délibérément « primitifs ». C'est un concentré de film de guerre (on ne sait d'ailleurs pas quelle guerre !), dont l’intro en voix ‘off’ fait penserFEAR DESIRE (2) à celles de Rod Serling dans « TWILIGHT ZONE ». De fait, tout le film baigne dans une atmosphère de cauchemar éveillé, accentuée par la BO et par un montage haché, des sautes d’axe déroutantes, des inserts cavaliers, des extrêmes gros-plans perturbants. Tout en fait, pour maintenir l’intérêt du spectateur en éveil par des moyens purement visuels, quitte à le bousculer.

Plus que son propre « FULL METAL JACKET », « FEAR AND DESIRE » fait plutôt penser à une esquisse de « OUTRAGES » de Brian DePalma. Particulièrement dans le long épisode avec la prisonnière aux prises avec un soldat devenu fou.

Sur à peine une heure, Kubrick lance plusieurs pistes de réflexion sur la guerre et la violence, cède parfois à un ton un brin prétentieux et didactique. Le plus intéressant est encore sa façon « sale » (surtout pour l’époque) de montrer la mort : les jeunes sentinelles ennemies sont poignardées pendant leur dîner et agonisent dans une mare de ragoût dont la vue écœure plus que les coups de couteaux. Même chose lors de l’exécution du général, qui agonise en rampant et en bavant, avant d’être achevé comme un animal par les personnages censés être les « héros ».

Tout cela est « brut-de-pomme », la photo rappelle les reportages de guerre de Capa, les acteurs se fondent complètement dans leurs rôles. Parmi eux, on reconnaît le futur réalisateur Paul Mazursky en jeune recrue perdant la raison. Petit clin d’œil prémonitoire : il ne cesse de parler de « LA TEMPÊTE » de Shakespeare, dont il devait tourner une adaptation trente ans plus tard !

FEAR DESIRE

Aucun film au monde ne survivrait à l’attente suscitée par 50 ans de clandestinité. Pourtant, « FEAR AND DESIRE » n’a rien d’embarrassant et on se demande pourquoi Kubrick l’avait si profondément enterré et renié.

Quoi qu'il en soit, la boucle est enfin bouclée !

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commentaires

L
De Kubrick, je n'ai pas "Les sentiers de la gloire", "L'ultime razzia" et "Le baiser du tueur".<br /> <br /> Ainsi que "L'espion qui m'aimait" et "AI"... ;-)
Répondre
F
<br /> <br /> "LE BAISER..." est le seul ^à être dispensable.<br /> <br /> <br /> <br />
L
Mais je n'ai également pas tout Steven Seagal.
Répondre
L
Je n'ai pas tout de Kubrick !
Répondre
F
<br /> <br /> Repens-toi... <br /> <br /> <br /> <br />

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