À la suite du petit chef-d’œuvre que fut « THE DESCENT », on attendait impatiemment la suite de la carrière de Neil Marshall. « DOOMSDAY » fut une colossale déception, au point qu’on en venait à se dire que le précédent avait dû être un coup de chance. Heureusement, même s’il n’atteint pas les hauteurs de son œuvre de référence, « CENTURION » vient rétablir l’équilibre.
Dans la mouvance récente du blockbuster médiéval, régénéré par « GLADIATOR », « CENTURION » surmonte les errances et culs-de-sac d’un scénario trop confus et manifestement trop retripatouillé, pour créer un grand spectacle visuellement magnifique et porté par des personnages forts et ‘bigger than life’. On trouve là-dedans des réminiscences du film de Ridley Scott, mais aussi des « 7 SAMOURAÏS », des ‘survivals’ à la mode ces dernières années et une envie de cinoche tout à fait réjouissante.
Outre quelques « gueules » bienvenues, Marshall a eu la bonne idée de caster Michael Fassbender dans le rôle de l’officier romain. Son comportement discret, loin de tout machisme, son approche délibérément réaliste, anti-hestonienne, apportent un poids de réalité et d’émotion à tout le film. On souffre avec lui, on prend des coups, on résiste et on oublie sans trop de difficultés les faiblesses de l’histoire. À ses côtés, l’excellent Dominic West est un général truculent et haut-en-couleur et Olga Kurylenko crève l’écran dans le rôle en or de la traqueuse picte, une femme-louve muette à la sauvagerie inouïe, qui décapite comme on respire. Les rôles de femmes sont d'ailleurs – et c'est assez rare pour le noter dans ce genre de production – étonnamment bien servis et originaux.
On n’a pas le temps de s’ennuyer, d’autant que le film a l’intelligence d’assumer une durée « normale », et si on doit faire un vrai reproche, ce sera le traitement des séquences de bataille montées de façon épileptique, à l’extrême limite de la lisibilité. Dommage…
Allez ! On enterre définitivement « DOOMSDAY » et on attend le prochain Neil Marshall de pied-ferme.