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« VOYAGE SANS RETOUR » est un ‘film noir’ stylisé, fort bien réalisé par John Farrow, bâti sur un scénario un peu tiré par les cheveux et émaillé de détails frisant l’absurde et de personnages secondaires déconcertants.
L’histoire de ce jeune médecin (Robert Mitchum) laissant tout tomber pour fuir avec une belle schizophrène (Faith Domergue) dont il pense avoir tué le mari (Claude Rains), ne tient pas debout et le comportement du héros ne se justifie que parce qu'il est censé avoir pris un coup sur la tête qui l’empêche de penser clairement. Cette commotion bien pratique, justifie également le jeu de Mitchum qui semble ivre-mort pendant toute l’action et finit le film en titubant, à moitié paralysé ! La très étrange Domergue intrigue dans ce personnage ‘borderline’ à l’œil tout aussi endormi que son partenaire. Rains lui, égal à lui-même, n’apparaît que dans une séquence. Maureen O’Sullivan, ex-Jane de Tarzan et épouse du réalisateur est souvent cachée derrière son masque d'infirmière.
Commençant en mélodrame (on pense à « POUR QUE VIVENT LES HOMMES » que Mitchum tournera cinq ans plus tard), évoluant en ‘road movie’, « VOYAGE SANS RETOUR » se laisse pourtant regarder sans ennui et même parfois avec un plaisir incrédule : la séquence où le couple s'arrête dans une petite ville peuplée de barbus déguisés en cowboys qui les marient de force (sic !) est totalement aberrante. Certains personnages épisodiques comme le vendeur de voitures d’occase sont très bien croqués. Et que dire du numéro de music hall hallucinant, où une grosse dame boudinée dans une tenue sexy chante dans un théâtre miteux, devant quinze pécores ?
Cette excentricité qui sous-tend tout le film finit par lui donner un style et une originalité. « VOYAGE SANS RETOUR » demeure donc sur l’équilibre très instable entre le nanar et le classique du polar noir. Une sorte de rareté…