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News, photos, critiques films et DVD, avis et commentaires sur le cinéma populaire, ses stars, ses mythes, mais aussi sur les séries TV et quelques à-côtés.

"UN HOMME EST PASSE" (1955)

BLACK ROCK (1)« UN HOMME EST PASSÉ » est un film sur les retombées. L’épilogue d’une histoire passée qu’on nous raconte, mais qu’on ne verra jamais. L’amitié entre un officier U.S. qui a BLACK ROCK (4)perdu un bras sur les champs de bataille et un soldat d’origine japonaise qui lui a sauvé la vie… L’odieux lynchage d’un fermier par des ploucs haineux… Ces deux évènements fondateurs se sont déroulés hors du champ de la caméra. Quand le film commence, il règne d’emblée une ambiance mortifère d’après-tempête.BLACK ROCK

L'homme qui débarque du train n’est que l’ombre de lui-même : un presque vieillard handicapé. La bourgade de Black Rock elle-même ressemble à un décor de ville-fantôme où errent quelques individus livrés à eux-mêmes qui semblent attendre Godot. Et un inévitable châtiment divin. Par sa seule présence, le visiteur va jeter un pavé dans la mare et réveiller ce passé si enfoui, qu’on n’en verra jamais la moindre image. Même en flash-back, pas même en photo…

Court et ramassé, d’une sèche brutalité, « UN HOMME EST PASSÉ » est un des deux ou trois chefs-d’œuvre de John Sturges.

Au niveau de l’image, c'est une des plus belles démonstrations de maîtrise du format CinémaScope qu'il soit donné de voir : depuis le train filmé pendant le générique-début, jusqu'aux silhouettes savamment alignées sur fond de ciel, en passant par le long corps de Lee Marvin étendu sur le lit d’hôtel de Spencer Tracy, chaque image semble être conçue en fonction d’un dynamisme horizontal.

BLACK ROCK (2)

Le cast est pour beaucoup dans le plaisir toujours renouvelé de revoir ce film : Tracy est vraiment magnifique dans ce personnage affable, d’apparence fragile et vulnérable. Un petit vieux au bras paralysé, au sourire débonnaire, qu’on verra démolir un homme en quelques passes de karaté, de façon quasi-surnaturelle. Face à lui, Robert Ryan campe un méchant calme et intelligent, qu’on devine capable des pires excès de violence. Un beau rôle de corrupteur tyrannique régnant en maître sur un royaume dérisoire de baraques vides et de poussière. Marvin et Ernest Borgnine sont inénarrables en brutes épaisses. Walter Brennan est un vieux médecin mollement révolté et la piquante Anne Francis tient un rôle ambigu.

« UN HOMME EST PASSÉ » est une œuvre quasi-parfaite, bâtie de façon symétrique. Le train s'arrête pour la première fois à Black Rock depuis des années. Quand il repassera, la ville et ses habitants ne seront plus les mêmes et le passé pourra enfin être enterré avec les péchés générés par la guerre. Une guerre déjà lointaine mais dont les échos résonnent encore dans les belles montagnes d’un Far West qui à présent et par la faute de quelques hommes, n’a plus rien d’innocent ou héroïque.

BLACK ROCK (3)

Si on peut trouver un défaut à ce grand film, ce sera peut-être la BO d’André Prévin dont l’omniprésence et le rythme martial finissent par soûler. Mais c'est un petit prix à payer pour profiter de cette œuvre brassant les grands mythes américains sans complaisance, avec même des accès de lucidité masochiste.

 

À NOTER : l’affiche reproduite ici provient d’une réédition à la fin des années 60 et mettant Lee Marvin en avant, après son succès dans «12 SALOPARDS ». Son portrait est d'ailleurs inspiré d’une photo du film d’Aldrich.

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D
Mais oui,il savait ce que c était un grand acteur,lui!!
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D
A lire dans la bio de Sturges(que je dévore actuellement)le refus de Spencer Tracy de jouer dans "Un homme est passé" jugeant le scénario peu interessant;Sturges a eu la bonne idée de titiller son<br /> égo en lui faisant croire qu Alan Ladd était disponible de suite;Tracy donna son accord !Sturges explique aussi que son film ne fait aucune référence a la politique de McCarthy contrairement a ce<br /> que disait les critiques de l époque et que le tournage était éxécrable,les rapports Tracy-Marvin étaient houleux et seul Borgnine s entendait avec tout le monde..Je lis en vrac au fur et a mesure<br /> des coms sur le blog et plus tard je le lirais entièrement.J ai aussi trouvé la bio de Robert Relya,producteur et associé a de nombreux grands films(dont Alamo ou le chapitre est truffé d<br /> anecdotes)et la aussi tout un pan du grand cinéma est décrit de manière très instructive..Une bonne oeuvre..
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F
<br /> <br /> Marvin était classe : dans une interview de 1974, il ne disait que de bonnes choses sur Tracy.<br /> <br /> <br /> <br />
V
A propos de livres qui rendent intelligent, "Un homme est passé" avant d'être un bon film c'est l'excellent polar de Michael Niall. Aussi,avant de voir "Dans la brume électrique avec les morts<br /> confédérés" il est préférable de lire le bouquin de James Lee Burke, bien supérieur au film.
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L
"Moumoute" ("toupee") est le dernier mot de l'autobiographie de Shatner...
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V
il y a des femmes qui achetent des chaussures ! Au moins, un livre, ça rend intelligent !<br /> (pas très gentil pour mes semblables) :-p
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L
Holala. Tu es en transes. Bon, moi, je suis toujours dans l'autobiographie de William Shatner ;-)
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F
<br /> <br /> Mentionne-t-il la pose de sa première moumoute ? <br /> <br /> <br /> <br />
V
Moi, j'ai craqué. Pour les 2 livres.
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L
Tu nous parleras du bouquin après lecture, j'espère.
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D
Je viens de trouver "Escape Artist" une vraie biographie de John Sturges écrite en 2008 par Glenn Lowell pour ceux qui lisent l anglais,composée de 350 pages!Tous ces films sont analysés et<br /> sérieusement décryptés y compris ses relations avec les nombreuses stars qu il a dirigé..bref,une référence car le livre cité par Fred(merci pour l info)est très court et peu instructif;il s est<br /> pas cassé la tete,l auteur!
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F
<br /> <br /> Je ne connaissais pas... Je vieillis ! <br /> <br /> <br /> <br />
V
Et hop, encore un article dans ma liste d'envie...
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V
Oui, il avait filmé, si je ne me trompe pas, le Débarquement. Qu'il n'y ait pas de livre sur sa carrière est étonnant.
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D
Exact,Val!Sturges avait tout compris du principe de base du cinéma!Découvreur de talents,excellent cinéaste,proche du grand public et surtout très intelligent..c est aussi lui qui nous a offert<br /> certaines des plus belles images du dernier conflit mondial!Malgré tout cela,je n arrive toujours pas a trouver un livre sur son parcours de cinéaste...c est un comble!
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F
<br /> <br /> Il y a celui-là et... c'est tout :<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> http://www.amazon.fr/John-Sturges-histoires-dun-filmaker/dp/2910027147/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1334174155&sr=1-1<br /> <br /> <br /> <br />
V
Un vrai cinéaste, des films populaires (un mot qui fait peur à beaucoups de critiques), mais qui sont plébiscités par ceux qui comptent vraiment : les spéctateurs.
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V
Je viens de revoir ce chef-d'oeuvre : superbe...<br /> Spencer Tracy joue la conscience d'une ville recroquevillée sur un monstrueux secret.<br /> <br /> J'ai toujours pensé que John Sturges savait comment montrer la psychologie d'un personnage sans en faire des tonnes.
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F
<br /> <br /> Absolument : par le comportement plutôt que par des discours. Un cinéaste, quoi...<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Je trouve GUN HILL très inférieur à RÈGLEMENT DE COMPTES À OK CORRAL. Le personnage de Doc Holliday, l'affrontement théâtral Douglas (qui a rarement été aussi bon)/Lancaster (admirable comme<br /> toujours), leurs curieux rapports faits d'admiration et d'exaspération mutuelles, la musique de Tiomkin et la magnifique séquence de fin avec les quatre hommes marchant de front dans les rues de<br /> Tombstone... Gun Hill me paraît un peu fade en comparaison.<br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Moi, c'est tout le contraire.<br /> <br /> <br /> C'est ça qui est formidable avec le cinéma : autant d'opinions que de spectateurs.<br /> <br /> <br /> Il n'empêche que "OK-CORRAL" est aussi un sacré film.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Un Sturges que je n'ai pas vu et que je vais m'empresser de voir, pour me réconcilier avec ce grand réalisateur, après avoir vu Joe Kidd…<br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Comme "LE DERNIER TRAIN DE GUN HILL", du pur Sturges.<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> Chef d'oeuvre du film américain.En dit beaucoup sur la guerre et l'après.<br /> <br /> <br />
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