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Il n’est pas nécessaire de connaître l’œuvre philosophique/littéraire d’Ayn Rand pour apprécier ce fascinant téléfilm qu’est « THE PASSION OF AYN RAND ».
Au premier abord, nous voyons évoluer dans l’Amérique des années 50 puis 60, une bande d’intellectuels intransigeants et – il faut bien le dire – imbuvables, autour de la personnalité charismatique d’Ayn Rand (Helen Mirren) et son indolent mari Frank (Peter Fonda). Ceux-ci se focalisent sur un jeune couple d’idolâtres joués par Julie Delpy et Eric Stoltz. Ayn prend ce dernier pour amant, avec le consentement forcé des conjoints, et s’en sert comme « combustible » pour achever un livre sur lequel elle peine depuis douze ans.
Peu à peu, ces pantins verbeux et imbus d’eux-mêmes, ces égocentriques menacés par le ridicule, prennent une belle épaisseur humaine, voire tragique. Helen Mirren est éclectrisante dans ce rôle impossible de monstre surdoué aux idées complexes et ambiguës. Enlaidie par une coiffure ingrate, des lentilles de contact noires, elle exsude une sensualité presque effrayante et destructrice. Face à elle, Delpy tient étonnamment bien la distance apportant à elle seule l’émotion au film. Fonda est remarquable dans le rôle effacé de cet homme entretenu, qui noie sa faiblesse et sa dépendance dans l’alcool. Quand il avoue à la fin : « Je n’ai jamais rien compris à tout ça », on compatit !
Joliment photographié, porté par une BO tout en finesse évocatrice, « THE PASSION OF AYN RAND » ne cède jamais au schématisme ou à l’hagiographie. Et c'est tout à l’honneur de la décidément immense Mirren, que d’avoir rendu réelle et parfois émouvante, cette femme dure et tellement cérébrale qu'elle en perd toute humanité.