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Deux ans après « LE JUGEMENT DES FLÈCHES », Samuel Fuller maître d’œuvre omniprésent (producteur, auteur, réalisateur), explore à nouveau un de ses grands thèmes : les racines et paradoxes du racisme, la difficulté des panachages culturels, la force des préjugés, avec « THE CRIMSON KIMONO », un film noir situé dans le « Little Tokyo » de L.A.
Malgré toute l’admiration que l’on doit à « Sam », force est de reconnaître qu'il ne s’agit pas là d’une de ses grandes réussites. Après une intro fulgurante, montrant le meurtre de la strip-teaseuse la plus joviale de l’Histoire du cinéma, le scénario devient terriblement inégal. Fuller déclenche une enquête policière qu'il n’hésite pas à délaisser complètement pendant un bon tiers, avant de la résoudre en deux minutes, par le plus grand des hasards : le témoin-clé croise tout bêtement le tueur dans la rue ! Le film est de plus, handicapé par un casting très faible, James Shigeta et Glenn Corbett se montrant d’une gaucherie et d’un amateurisme invraisemblables. Seule Victoria Shaw, au physique étonnamment moderne, au jeu subtil, parvient à composer un personnage crédible.
« THE CRIMSON KIMONO » demeure néanmoins intéressant, par les univers explorés (temples bouddhistes, cimetière pour soldats americano-japonais, boîtes de strip), et la relation entre ces deux flics, ex-copains de régiment. Le blanc tout d’un bloc, « All American », et le Japonais paranoïaque, complexé, et au fond, profondément raciste, même si c'est lui qui finit avec l’héroïne dans les bras.
Souffrant d’un évident manque de budget, d’un dialogue excessivement « fullerien », à l’emporte-pièce, sans nuance (la séquence avec l’indic semble sortie d’un épisode de « POLICE SQUAD »), et de portraits grossièrement esquissés (la copine artiste pochtronne, le karatéka obèse), « THE CRIMSON KIMONO » est un Fuller mineur, dont le thème aurait mérité un traitement plus soigné.