News, photos, critiques films et DVD, avis et commentaires sur le cinéma populaire, ses stars, ses mythes, mais aussi sur les séries TV et quelques à-côtés.
Inspiré d’un ‘graphic novel’, « SIN CITY » a révolutionné l’art de filmer le style BD avec un culot et une imagination fous. Suivant le destin de trois personnages emblématiques, le film pèche bien sûr par un scénario décousu et pas toujours bien équilibré : cela semble trop court quand on suit l’hallucinant personnage créé par Mickey Rourke et un brin longuet quand il s’agit de Clive Owen. La présence de Bruce Willis banalise un peu l’ensemble, vu qu'il incarne un énième flic avec les éternelles mêmes mimiques, quel que soit le contexte.
Malgré ses nombreux défauts et inconsistances, « SIN CITY » coupe tout de même le souffle par la beauté barbare de son visuel. Chaque plan, chaque cadrage évoquent la couverture d’une « pulp fiction » des années 50, les visages sont déformés, monstrueux, le jeu entre couleur et noir & blanc est fabuleux, les scènes d’action sont stylisées jusqu'à l’abstraction. Pourtant, il faut avoir l’estomac bien accroché pour circuler dans cette métropole nocturne et pluvieuse, peuplée de serial killers cannibales, de ripoux immondes, de prostituées flingueuses. Frank Miller et Robert Rodriguez – qui cosignent la mise-en-scène – ne lésinent pas sur la torture, les sévices et les coups dans la gueule. Mais l’esthétique du traitement évite l’écœurement.
Les acteurs se sortent étonnamment bien de rôles tout-d’un-bloc taillés la masse et dont chaque réplique rappelle les ‘one liners’ des bandes-annonces. Rourke est extraordinaire en brute hideuse et (relativement) émouvante, prêt aux pires abjections par amour. Rosario Dawson et Jessica Alba sont joliment mises en valeur en fantasmes de chair et de sang, Rutger Hauer apparaît brièvement en archevêque perverti. Il y a beaucoup d’autres visages connus et appréciés, parfois méconnaissables, qui tiennent des rôles « extrêmes ».
Unique en son genre, car hormis quelques tentatives, son look n’a pas vraiment fait école depuis, « SIN CITY » est un trip d’esthète, une œuvre expérimentale et putassière à la fois, qui va jusqu'au bout de sa promesse. Seul petit bémol, la minceur d’un scénario inégal et bordélique qui émousse parfois l’intérêt et la curiosité et fait retomber le soufflé. Un gros bémol, en fait, mais qui ne parvient pas à gâcher la fête.