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News, photos, critiques films et DVD, avis et commentaires sur le cinéma populaire, ses stars, ses mythes, mais aussi sur les séries TV et quelques à-côtés.

"MORT D'UN POURRI" (1977)

MORT POURRI (1)Plusieurs choses placent « MORT D’UN POURRI » au-dessus du lot dans la filmo du Delon des seventies : le scénario policier sous-tendu d’un discours au vitriol sur les mœurs politiques et un casting d’une incroyable richesse dans lequel l’acteur-producteur s’intègre MORT POURRIcomme simple protagoniste, sans être le seul et unique centre d’intérêt.

Dévastateur, nihiliste, le dialogue de Michel Audiard fonce tête baissée dans le « tous pourris », mais certaines envolées sont époustouflantes d’aigre lucidité et de nombreuses répliques prennent aujourd'hui une troublante résonnance. L’aspect ‘polar’ lui, est très bien soutenu par un « mcguffin » simple et efficace : un journal contenant des preuves contre des élus corrompus. Le reste n’est qu’une course-poursuite bien filmée par Georges Lautner, émaillée de face à faces savoureux entre le héros intègre (enfin… tout est relatif) et la crème de la saloperie des hautes sphères politiciennes et affairistes.

Mais ce qui séduit le plus dans ce film, c'est encore la relation Maurice Ronet-Alain Delon. Bouclant un rapport professionnel entamé dans « PLEIN SOLEIL », poursuivi dans « LESMORT POURRI (2) CENTURIONS » et « LA PISCINE », les deux comédiens se retrouvent une dernière fois. Des photos les montrent d'ailleurs dans des poses tirées de ces trois films, cristallisant leur passé commun. À nouveau, c'est Ronet qui incarne le dominant, le tireur de ficelles, le salaud flamboyant, le cynique charismatique, alors que Delon s’efface étrangement et joue les seconds. Fascinante relation qu’on a vue évoluer de film en film sur deux décades. Ronet a beau disparaître au bout d’une demi-heure, il laisse l’impression d’avoir été la tête d’affiche de « MORT D’UN POURRI ».

Autour des deux amis-Némésis, tous les seconds rôles sont tenus par des pointures comme Jean Bouise, Julien Guiomar, Michel Aumont, Daniel Ceccaldi (particulièrement savoureux), les personnages de femmes sont écrits avec une misogynie totale, typique de son époque : des salopes âpres au gain, des fiancées soumises ou des demoiselles en détresse. La MORT POURRI (3)femme de Ronet est d'ailleurs jouée par Stéphane Audran, reformant ainsi un couple chabrolien immédiatement crédible.

La cerise sur le gâteau est bien sûr la prestation inattendue de Klaus Kinski. Permanenté, efféminé, mielleux, il campe un « intermédiaire » de haut-vol. Sa grande scène dans le château à la fin du film est sidérante. Il faut l’avoir entendu dire de l’Audiard ! Il a les répliques les plus incendiaires, les plus violemment cyniques. Et quand il dit à un ministre : « Vous êtes une larve… Un étron », on frise l’extase.

Un peu trop long, parsemé de cascades en voiture d’un autre âge, trop esclave des « bons mots » à l’emporte-pièce de l’auteur, « MORT D’UN POURRI » n’en a pas moins étonnamment bien vieilli. Et qu’on soit d'accord ou non avec le pamphlet au lance-flammes d’Audiard, force est d’admettre que le jeu de massacre est amusant à sa façon.

 

Post publié en juin 2011, remis en actualité en hommage à Georges Lautner, décédé à l'âge de 87 ans. RIP.

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W
did u think about google translater on page, it will be worth ^^
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A
C'est très surprenant de voir Kinski en mode sobre, surtout après avoir vu L'important c'est d'aimer ! Lautner lui aurait-il donné à son insu des tranquillisants ? ^^
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F
<br /> <br /> Je pense qu'il devait être concentré sur ses tartines de dialogue et qu'il n'avait pas la tête à se rouler par-terre et à exorbiter les yeux !  <br /> <br /> <br /> <br />
V
Un film qui vaut la peine d'être vu pour toutes les raisons évoquées et aussi parce qu'on retrouve un grand plaisir à le revisiter.
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J
Lautner n'avait manqué de relater ses relations difficiles avec Delon : « Celui là...»
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F
<br /> <br /> Qui n'a pas eu des relations "difficiles" avec lui ? <br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Et "Dancing machine" dans tout ça ?<br /> <br /> Et n'oublions pas "Notre histoire", même si on peut être mitigé sur ce film, mais c'est une variation intéressante de Delon.<br /> <br /> Pour moi, "Mort d'un pourri" est un excellent film, probablement le dernier grand Delon, même s'il a fait quelques bons petits polars par la suite.<br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Il faudrait revoir "NOTRE HISTOIRE" où Delon a un rôle dans la lignée du "PROFESSEUR" de Zurlini.<br /> <br /> <br /> Mais dans mon souvenir, la première moitié était formidable et la seconde interminable et mal fichue, comme souvent chez Blier...<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Je suis de ceux(les très rares)qui ont aimé le film "Le passage" avec Alain Delon mais je m en vante rarement.Ne pas oublier aussi que "Trois hommes a abattre" et "Pour la peau d un flic"ont ete de<br /> grands succès en leur temps.<br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Pas vu "LE PASSAGE". C'est d'ailleurs à partir de ce film que j'ai arrêté de voir les Delon.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> bon, j'ai dit "grand film"… pas "bon film" ! Grand film pour signifier que d'après moi, Mort d'un Pourri est le meilleur film de Delon depuis ses Melville. Après, j'aime beaucoup les films que<br /> tu as cités, et j'aime encore plus Le battant, le dernier bon film, et même très bon, de Delon.<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Merci cher Fred de réhabiliter ce très bon film et d'évoquer la fascinante relation Ronet/Delon. Deux acteurs qui se ressemblaient comme des cousins, notamment par le regard et la voix.<br /> Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet. A commencer évidemment par PLEIN SOLEIL, film qui confirma le statut de star de Delon. René Clément avait prévu initialement de confier à Ronet le rôle de<br /> Ripley, ce qui était plus logique compte tenu de l'âge des personnages dans le bouquin de Highsmith. Delon convainquit Clément d'intervertir la distribution; mais le film dans sa configuration<br /> initiale est intéressant à imaginer aujourd'hui.<br /> Comme tu le dis, cher Fred, Ronet (ou du moins le personnage qu'il incarne) a l'ascendant sur Delon dans trois des quatre films; mais ça se termine mal pour lui car il meurt prématurément, dont<br /> deux fois tué par Delon. Le film de Lautner marque de façon troublante la conclusion de leur parcours parallèle - Ronet mourra pour de bon quelques années plus tard, après une avant-dernière<br /> apparition particulièrement inquiétante dans LA BALANCE.<br /> On peut signaler aussi que le scénario est adapté d'un roman de Raf Vallet (Jean Laborde), à qui l'on doit également ADIEU POULET et LE PACHA, ainsi que des contributions au scénario du COMPLOT<br /> (l'un des rares films sur l'OAS) et de PEUR SUR LA VILLE. Ce n'est pas si mal !<br /> La bande originale est de Sarde et a fait l'objet il y a peu d'une remarquable réédition par notre ami Stéphane Lerouge.<br /> Mon cher Corey, je vous trouve sévère pour le magistral TROIS HOMMES A ABATTRE et pour le maladroit mais attachant POUR LA PEAU D'UN FLIC.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Attention, chef d'oeuvre. Le meilleur film de Lautner, grand réalisateur sous estimé dont on ne retient trop souvent que Les Tontons flingueurs, et le dernier grand film de Delon.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Ha! oui j'aime beaucoup aussi et le DVD est introuvable! C'est un grand Lautner! La BO est de Michelle Magne? Peut-être?<br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Il était sorti chez Pathé dans une collection Delon.<br /> <br /> <br /> <br />