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On lit le ‘pitch’ de « MAD DETECTIVE » et on se dit « Encore une histoire de flic sur la piste d’un serial killer ! Encore un ex-poulet aux méthodes bizarres ! ». Mais on a tort. D’abord parce qu'il y a la signature de Johnnie To qui devrait nous mettre la puce à l’oreille et ensuite parce qu’on est à Hongkong et pas dans un sous-David Fincher U.S. de plus.
Sous des dehors de polar, c'est un film d’auteur complètement barré, qui nous fait admettre en quelques minutes un postulat délirant : l’ex-inspecteur Ching Wan Lau – remarquablement excentrique – mis à la retraite après s’être tranché l’oreille pour l’offrir à son commissaire, voit non seulement des « dead people », mais aussi des « démons » qui accompagnent tout un chacun et il voit même ce qu’on est au fond de soi et qu’on cherche à cacher. Ainsi, le jeune flic qui vient le tirer de sa tanière lui apparaît-il comme un petit garçon apeuré. Est-ce clair ? Pour être tout à fait honnête, pas toujours ! Mais comme souvent chez To, on abandonne vite ses habitudes et ses repères pour se laisser bercer par un univers décalé, irréel, entre rêve et réalité. Certains moments sont d’une maestria inouïe, comme ce dîner à quatre changeant constamment de point de vue, pendant lequel on comprend progressivement que les convives ne sont en fait que trois, que l’un d’eux n’existe que dans l’imaginaire malade du « mad détective ». C'est dérangeant, fascinant, déstabilisant. Et complètement imprévisible. Ce qui fait que, même quand on est un peu largué, on reste scotché parce que tout est possible.
C'est joliment cadré, filmé dans une pénombre bleutée, la BO est envoûtante et on a même droit à la fin au ‘climax’ emblématique des polars hongkonguais : trois types (et leurs démons !) en train de se braquer les uns les autres avant l’explosion de violence inévitable.