News, photos, critiques films et DVD, avis et commentaires sur le cinéma populaire, ses stars, ses mythes, mais aussi sur les séries TV et quelques à-côtés.
À l’instar de son cadet Dario Argento, Mario Bava est un réalisateur formaliste adulé des cinéphiles du monde entier pour quelques classiques de l’horreur. « LES TROIS VISAGES DE LA PEUR » est un film à sketches – trois, pour être précis – qui ressemble à un menu de restaurant italien : on a d’abord droit à une entrée légère avec « LE TÉLÉPHONE ». Bâti sur une seule et maigre idée, le court-métrage montre la pulpeuse Michèle Mercier
harcelée au téléphone (d’où le titre !) par un ex à elle qui vient de s’évader de prison. À moins qu'il ne s’agisse de son ex-amante qui se ferait passer pour… Bref ! Le scénario n’a que peu d’importance. La photo est très belle, les mouvements de caméra sont sensuels et évocateurs et les actrices bien mises en valeur.
« LES WURDULAKS » est le plat principal. Dans une atmosphère à la Bram Stoker, Bava invente ici une famille de zombies-vampires et un voyageur qui s'arrête dans leur demeure. Là encore, le scénario est si mince qu'il apparaît vite qu'il n’est que prétexte à belles images et à magnifiques décors de studio. Là, on est vraiment gâté. Les plans de paysages embrumés, de forêts verglacées, les visages déformés par les ombres, tout est là pour créer un mini-film inconsistant mais tellement beau à regarder qu’on en oublie de sentir le temps long. Enfin – jusqu'à la fin qui tire franchement en longueur. Boris Karloff s’amuse comme un fou de ce rôle de patriarche zombifié à perruque frisée.
Le dessert s’intitule « LA GOUTTE D’EAU » et ne s’attarde pas trop longtemps sur la dernière nuit d’une infirmière qui dérobe la bague d’un cadavre et se voit poursuivie par son fantôme. Là encore, cela aurait pu tenir en cinq minutes et cela en dure le triple.
Œuvre d’esthète manifestement peu concerné par ce qu'il raconte, « LES TROIS VISAGES DE LA PEUR » procure le même plaisir fugace que la lecture des vieilles BD de « CREEPY » et « EERIE » auxquelles il fait énormément penser. À noter un épilogue présenté par Karloff (à l’instar du court prologue), montrant avec beaucoup d’humour l’envers du décor. Jolie mise en abyme qui vient enfoncer le clou : tout cela n’est que du cinéma et rien que du cinéma.
À NOTER : la splendide réédition anglaise chez « ARROW » qui propose la version italienne du film ainsi que son remontage U.S. intitulé « BLACK SABBATH » en Blu-ray et en DVD. Un vrai travail d’orfèvre.