News, photos, critiques films et DVD, avis et commentaires sur le cinéma populaire, ses stars, ses mythes, mais aussi sur les séries TV et quelques à-côtés.
Réalisé par Max Ophüls lors de son expérience hollywoodienne, « LES DÉSEMPARÉS » est un curieux ‘film noir’, faisant se télescoper deux univers qui normalement n’auraient jamais dû se croiser, quasiment deux dimensions parallèles entrant en collision : la vie d’une mère de famille (Joan Bennett) et celle d’un duo de maîtres chanteurs des bas-fonds.
Obligée pour protéger sa fille écervelée, de se débarrasser d’un cadavre, la maman va être confrontée à James Mason, un mystérieux individu qui exige 5000 $ sous peine de jeter l’adolescente en pâture à la police. La matriarche va connaître deux jours d’enfer à courir à droite et à gauche, à vendre ses bijoux, à supplier sa banque, pour réunir la somme et protéger sa couvée. Entretemps, le voyou tombe amoureux d'elle – ou plutôt de ce qu'elle représente – et se dresse contre son boss, beaucoup plus dangereux que lui.
Ce qui accroche le plus dans ce suspense intimiste, c'est la personnalité de Joan Bennett, petite bonne femme calme, déterminée, jamais débordée ou hystérique, qui endosse le rôle de chef de famille (son mari, qu’on ne verra jamais, est toujours en voyage d’affaires) avec une détermination sans faille. Délibérément banalisée par des petites lunettes de vue et des tenues sans glamour, l’actrice porte le film sur les épaules avec une surprenante autorité. Face à elle, Mason paraît un peu trop élégant et subtil, pour être tout à fait crédible en crapule irlandaise, même s’il évolue au cours de l’action. Mais leur duo fonctionne très bien.
Le scénario est une belle mécanique d’engrenage, à la logique implacable, la mise en scène est fluide, malgré quelques ‘couacs’ dans l’alternance de scènes tournées en extérieurs et les gros-plans filmés en studio (ainsi tout le moment où l’héroïne découvre le cadavre sur la plage et s’en débarrasse, paraît-il bizarrement monté, à peine lisible). À voir pour l’impossible love story qui en ressort finalement, en filigrane, une rencontre entre deux mondes pas faits pour coexister.
À NOTER : un remake pas inintéressant sera tourné en 2001, sous le titre « BLEU PROFOND », avec Tilda Swinton et Goran Visznic.