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Ernest Borgnine tourna « MARTY » en 1955, d'après une pièce de Paddy Chayefsky et obtint l’Oscar. Un an plus tard, l’acteur retrouva le même auteur pour une autre adaptation théâtrale : « LE REPAS DE NOCES », réalisé par le toujours fiable Richard Brooks et écrit
par Gore Vidal. Ce qui fait tout de même un bien beau générique !
Si le film se présente au premier abord comme une comédie tous publics, le ton se durcit rapidement et devient acerbe, amer, voire cruel. Bette Davis joue une mère de famille du Bronx qui veut offrir une énorme fête à sa fille pour son mariage, alors que celle-ci rêve d’une simple cérémonie. Le père, un pauvre chauffeur de taxi joué par Borgnine, freine des quatre fers, mais il est submergé. Et bientôt, ce simple et banal évènement va prendre des proportions dantesques, remuer les non-dits de toute une vie, mettre à jour les mesquineries, les rancœurs, les déceptions et faire littéralement imploser le cercle familial.
C'est extraordinairement bien écrit, sobrement filmé par Brooks dont le sens du découpage dynamise ce qui n’est malgré tout que du théâtre filmé. Mais c'est surtout une magnifique démonstration de ce que peuvent offrir de grands acteurs quand ils ont un vrai texte à défendre : Miss Davis est étonnamment crédible en ménagère mûrissante, aigrie par une vie confinée, sans espoir ni amour. On oublie complètement l’image ‘glamour’ des années 40, pour croire à 100% à cette Aggie à la fois insupportable et pathétique. Sa crise de larmes est bouleversante. Borgnine lui, légèrement vieilli pour jouer son mari, est magnifique d’humanité bourrue, de maladresse, sa grande scène d’engueulade avec sa femme compte parmi les plus belles qu'il ait tourné.
Parmi les seconds rôles, Barry Fitzgerald est délectable en beau-frère pique-assiette susceptible, Debbie Reynolds et Rod Taylor campent les futurs mariés sans mièvrerie.
Tourné en noir & blanc dans quelques rares décors, agrémenté d’extérieurs habilement dispatchés, « LE REPAS DE NOCES » retrouve la verve populaire de « MARTY », sa générosité et son émotion pudique. Un authentique « little big film ».