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Bizarre… Bizarre… C'est même le moins que l’on puisse dire au sujet de « LA MORT TRAGIQUE DE LELAND DRUM ». On n’est pas chez Ford, encore moins chez Leone. En fait, si on devait absolument trouver un lien entre le western de Monte Hellman et une
œuvre antérieure, il faudrait plutôt chercher du côté du théâtre de Samuel
Beckett. Le film aurait pu s’intituler « EN POURSUIVANT GODOT ».
Quelques personnages-silhouettes, une femme sans nom poursuivant on ne sait qui, un ex-chasseur de primes taiseux, un benêt empressé, un « gunfighter » portant des gants noirs, traversent le désert à cheval, sans savoir exactement pourquoi. Bien sûr, on sait qu’un enfant a été tué, que le frère du taiseux a pris la fuite, et la femme semble obsédée par sa quête. Mais le scénario ne donne que peu d’indications psychologiques, ne s’abaisse à aucune péripétie facile, qui pourraient rendre le film plus attractif. Il se contente de suivre ces abstractions d’individus, dans un décor incolore et triste à pleurer, sous un ciel blanc, leur fait échanger de rares répliques très décalées, et s’achève dans un étrange « happening » expédié (trop) rapidement, qui renvoie aux écrits de Jack London.
Dire que « LA MORT TRAGIQUE DE LELAND DRUM » est passionnant, serait exagérer. On s’y ennuie ferme, malgré sa courte durée de 1 H 22, mais ses partis-pris radicaux, la crudité de sa facture (le son est parfois inaudible, on sent les coups de vent dans le micro !), et l’étrangeté de la BO, créent une ambiance très singulière de cauchemar éveillé, et finissent par séduire, sans convaincre tout à fait.
Millie Perkins est fascinante, dans ce rôle complexe, oscillant selon les séquences, entre l’emmerdeuse capricieuse, la vengeuse perverse, et l’ange de la mort. Warren Oates est égal à lui-même, apportant un poids de réalité à tout le film par sa seule présence. Et Jack Nicholson s’amuse manifestement, de son personnage de flingueur nasillard et nocif, que sa gâchette démange dès qu'il intervient dans l’action.
« LA MORT TRAGIQUE DE LELAND DRUM » a tout du film-culte, même si l’amateur de western classique n’y trouvera nullement son compte, et si le fan de Nicholson jugera qu'il a tout de même peu à faire.