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Jacques Tourneur fut un maître du fantastique allusif. Son père Maurice, quand il s’essaie au genre avec « LA MAIN DU DIABLE » opte pour une optique radicalement opposée : le « poétique » revendiqué à la Cocteau, en adaptant un texte faustien de Gérard de Nerval.
Le film a une excellente réputation et il demeure un des rares exemples de réussite française dans le fantastique. Ce n’est pas le modeste « WWW » qui va démolir cette aura, mais force est de reconnaître qu’on n’est pas obligé d’adhérer à cette approche. C'est extrêmement bavard, d’une naïveté parfois confondante, la direction d’acteurs part en tous sens : il faut avoir vu Noël Roquevert en restaurateur italien exalté ! Et le jeu de Pierre Fresnay semble souvent à côté de la plaque, voire illogique. Et que dire de cette confrontation finale entre celui-ci et les fantômes des anciens propriétaires du talisman ? C'est d’un kitsch achevé.
Alors bien sûr, il faut replacer le film dans son contexte, admettre qu'il a essuyé les plâtres dans un genre alors bien peu exploré, qu'il pâtit probablement d’avoir été tourné en pleine occupation allemande. La photo est souvent magnifique et la grande réussite de Tourneur est sa vision du Diable : un petit bonhomme replet au sourire mielleux, au physique d’huissier de province, qui vient chercher les âmes comme d’autres collectent les impayés. Palau offre – et de loin – la meilleure interprétation du film.
Que dire de plus ? Ne pas apprécier « LA MAIN DU DIABLE », c'est presque aussi sacrilège que d’avouer qu’on s’ennuie à la vision de « CITIZEN KANE ».
Donc, à chacun de se faire une opinion.