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Robert Wise était décidément et définitivement un immense réalisateur. Et quand il s’attaquait à un genre, il le marquait d’une empreinte profonde. « LA LOI DE LA PRAIRIE », son troisième western, est une réussite épatante, que ce soit sur le
plan esthétique ou thématique.
Il s’agit en fait du portrait d’un homme, le ‘bad man’ du titre original, un éleveur de chevaux vieillissant, connu pour faire régner sa loi en lynchant volontiers ceux qui se trouvent sur sa route. Un homme de l'Ouest tel qu’on l’imagine : violent, rugueux, sans pitié, à l’image de la terre où il vit. Là où n'importe qui aurait distribué John Wayne dans le rôle, Wise engage… James Cagney ! Connu pour ses comédies musicales dans les années 30 et surtout ses rôles de gangsters, Cagney apporte une fraîcheur à cet emploi qu’on a pourtant l’impression de connaître par cœur. Trapu, véritable boule d’énergie mauvaise, l’acteur use de son rictus de pitbull, de sa diction hachée et crée un personnage extraordinaire. C'est lui qui porte le film sur les épaules. Son couple avec la jeune Irène Papas fonctionne étonnamment bien. Contre toute attente, la tragédienne grecque s’intègre parfaitement dans cet univers si loin
du sien. Parmi les seconds rôles : Royal Dano, Vic Morrow plus ‘Actors Studio’ que jamais et Lee Van Cleef dans une quasi-figuration de ‘wrangler’, qui passe toutes ses (petites) scènes à jeter son couteau sur un bout de bois. Et à rêver de… femmes en corset !
Les paysages sont magnifiques, le CinémaScope est glorieusement utilisé et le morceau de bravoure du film (Cagney oblige des voleurs qui ont mutilé ses chevaux à traverser le désert pieds-nus) a très certainement influencé Sergio Leone pour « LE BON, LA BRUTE, LE TRUAND ».
Œuvre âpre, parfois cruelle, « LA LOI DE LA PRAIRIE » demeure un film intimiste et psychologique. Et Cagney, au seuil de la vieillesse (même s'il n'avait que 57 ans), mais encore vigoureux et dégageant une tension explosive, y trouve un de ses très bons rôles.