"L'OUTRAGE" (1964)

Il est des films qui sont restés invisibles si longtemps, qu'ils en deviennent quasi-mythiques. Et quand ils refont enfin surface, on se dit souvent qu’ils n’auraient probablement jamais dû revoir la lumière du jour.

Inspiré d'une pièce de Broadway, elle-même adaptée de « RASHÔMON » un des premiers chefs-d’œuvre d’Akira Kurosawa, « L'OUTRAGE » est un ratage total, d'autant plus surprenant que son générique n'est composé que de grosses pointures. On ne sait pas quelle mouche a piqué l’habituellement raisonnable Martin Ritt, mais le film s'enlise dès son premier tiers, vire au comique involontaire avec le témoignage du vieil Indien et sombre dans le burlesque avec la version du chercheur d'or, dans laquelle les protagonistes exécutent un numéro parodique embarrassant. Les extérieurs en studio d'une rare laideur, finissent d'ôter toute crédibilité à l'ensemble. Le passage du Japon aux Amériques avait réussi aux « 7 MERCENAIRES » et à « POUR UNE POIGNÉE DE DOLLARS » (curieusement tourné la même année), mais là…

Le pire demeure Paul Newman grimé en Mexicain, affublé d'un faux nez et d'une perruque noire, qui s'est fait la voix d’Akim Tamiroff dans « POUR QUI SONNE LE GLAS », pour jouer ce ‘bandido’ chaud-lapin et vantard, échappé d'un scopitone de Dario Moreno. Jamais vu ça ! Comment un comédien de cette envergure a-t-il pu autant se fourvoyer ?

Claire Bloom, Laurence Harvey ou Edward G. Robinson font ce qu'ils peuvent (pas lourd) et la seule raison d’endurer cet « OUTRAGE » jusqu'au bout, est la belle photo de James Wong Howe qui retrouve par instants, la magie des films de Kurosawa.

Le film n’a jamais eu une excellente réputation et sa réapparition en DVD ne fera certainement rien pour le réhabiliter.

Comments

[lemmy]

S'il n'y avait pas tant de comédiens se fourvoyant, le cinéma serait anémique.

Mais là, il faut vraiment voir écrit Paul Newman pour le reconnaître sur la photo ! Voulait-il faire son Tuco avant l'heure ?

Mais bon, il y a quand même William Shatner et ça, c'est bien...

[Fred Jay Walk]

Oui, Shatner : mince et sans moumoute. A peine si on le reconnaît !