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Qu'est-ce qui différencie un long-métrage de cinéma d’un téléfilm lambda ? Pas forcément le sujet, ni même le casting. Au vu de « L’ARGENT DES AUTRES », cela saute aux yeux : c'est le parti-pris. En stylisant la mise en scène et la bande-son, en sélectionnant d’immenses décors inhumains, hors du temps, Christian de Chalonge plonge instantanément le spectateur dans un univers cauchemardesque, kafkaïen, obligeant à nous
identifier à Jean-Louis Trintignant, employé de banque médiocre et timoré, se retrouvant subitement bouc-émissaire d’une énorme escroquerie.
Revoir aujourd'hui, encore plongés dans la crise de 2008, ce film datant de plus de 40 ans, est assez édifiant. Les mécanismes étaient déjà les mêmes, les banquiers rongeaient l’édifice de l’intérieur et l’issue n’était pas compliquée à anticiper. Extrêmement froid et maîtrisé, ne laissant place à aucune fantaisie, aucune digression, « L’ARGENT DES AUTRES » n’est pas un film facile à aimer, mais il fascine indéniablement, d’autant que sa construction scénaristique est assez savante et les flash-backs – par exemple – très intelligemment amenés. On en ressort suffoqué, paranoïaque et quelque peu découragé.
Trintignant est formidable de transparence. Son ambiguïté naturelle ajoute une seconde couche à ce personnage qui n’est pas que victime, mais aussi un peu coupable par soumission et négligence. Autour de lui, un bon cast : Michel Serrault en banquier paternaliste et abject, l’excellent François Perrot en faux-ami redoutable, Catherine Deneuve dans un rôle trop superficiel d’épouse dévouée et Claude Brasseur amusant en crapule professionnelle.