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Tourné à peine un an après « UN JUSTICIER DANS LA VILLE », « L’AGRESSION » est une approche française du thème de l’autodéfense et de la justice individuelle. Dès le départ, le protagoniste est présenté comme un « beauf », un père de famille plus ou moins sympathique, d’une banalité à pleurer. Sa femme et sa petite fille sont violées et tuées par un trio de motards. Avec l’aide de sa belle-sœur débarquée d'Angleterre, il va tenter de se venger.
Le scénario de Jean-Patrick Manchette reprend la thématique de « BRAVADOS », le western de Henry King, à savoir que les coupables pour « idéaux » qu'ils soient, n’en sont pas moins innocents. Et que la vengeance du veuf s’avère être finalement un acte odieux et injustifié. C'est la grande qualité de ce film que d’éviter tout manichéisme et d’entraîner sur des chemins connus du polar pour changer complètement de discours dans un brutal tête-à-queue. Les choix de réalisation de Gérard Pirès sont osés, privilégiant une technique « à l’arrache », des ellipses à l’intérieur des séquences et des digressions intempestives. On pourra par contre être irrité par l’inévitable « quart d’heure Rémy Julienne » qui dure – ou paraît durer ! – le double : on s’assoupit devant ces poursuites auto-motos sur des routes en lacet et ces cascades ressassées.
Jean-Louis Trintignant apporte toute son ambiguïté naturelle à ce personnage à la fois terne et opaque, pathétique et inquiétant. Catherine Deneuve se débat avec un rôle sous-écrit, et semble parfois échappée d’une comédie de Rappeneau. On reconnaît quelques quasi-figurants destinés à un avenir plus souriant comme Daniel Auteuil (le temps de prendre une baffe), Daniel Duval, Étienne Chicot ou Tony Gatlif. Sans oublier l’irremplaçable Jacques Rispal en journaliste visqueux. Claude Brasseur a du mal à convaincre dans son rôle caricatural de facho ordinaire. Le dîner chez lui frôle ouvertement le gros pastiche.
Inégal et bien trop long pour ce qu'il a à raconter, « L’AGRESSION » n’en vaut pas moins un coup d’œil curieux, pour son traitement original d’un thème aux variantes infinies.