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Dans « I VITELLONI », il y a tout ce qu’on adore dans le grand cinéma italien et particulièrement dans l’œuvre du Fellini « première manière ». Un mélange de satire sociale, de pathétique, de comique ‘borderline’, des changements de ton abrupts, des bouffées d’émotion inattendues, des personnages à multiples facettes parfois esquissés plutôt qu’expliqués.
Le scénario en forme de chronique provinciale suit quelques mois de la vie d’une bande de copains chômeurs et oisifs, ancrés dans une enfance qui – ils ont tous la trentaine – a tendance à s'éloigner de plus en plus. Oui, ils ont dû être drôles et truculents ces vieux ados. Mais aujourd'hui, ils ne sont plus que pitoyables et désespérants, comme s’ils avaient laissé passer le train de l’âge adulte et se retrouvaient sur le quai, comme des imbéciles dont personne n’a plus besoin.
Des séquences comme la virée sordide avec le vieux cabotin (implicitement) homosexuel ou le carnaval de passage en ville sont felliniennes en diable, mais servent surtout à dénuder l’âme perdue des protagonistes et spécialement d’Alberto Sordi, fils-à-maman, triste boute-en-train qui ne fait plus rire grand-monde. C'est du grand art et l’acteur une fois de plus, marche sur le fil de la comédie et du mélodrame. À ses côtés, Franco Fabrizi est excellent en bellâtre infidèle et immature soudainement confronté aux réalités de l’existence. Jusqu'aux plus petits rôles, le casting est miraculeux.
Le film réussit le prodige d’être tout à la fois et dans le même temps cafardeux à mourir et joyeux, généreux et cruel. À la fin, il abandonne ses personnages dans leur routine, ne laissant guère d’espoir quant à leur futur, hormis peut-être celui de Franco Interlenghi qui se décide à quitter la région, laissant derrière lui cet enfant pauvre avec lequel il entretenait une étrange relation amicale.
À NOTER : le film fut exploité en France sous le titre « LES INUTILES », à peu près oublié aujourd'hui, l’œuvre étant plutôt connue comme « LES VITELLONI ».