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Annoncé comme un projet de deux grands noms hollywoodiens, John Huston puis Jules Dassin, le polar « AVEC LES COMPLIMENTS DE… CHARLIE » finit entre les mains de Stuart Rosenberg, cinéaste jadis ambitieux réduit alors à accepter n'importe quelle
commande. Tourné (un peu) au Texas et (beaucoup) en Suisse, ce petit thriller met en scène un flic (Charles Bronson) qui va chercher à Gstaad une « poule à gangster » (Jill Ireland) prête à témoigner contre son amant, un caïd de la pègre (Rod Steiger). Des tueurs sont lancés à
leurs trousses, et… côté scénario, c'est à peu près tout !
Le film étant essentiellement un ‘road movie’ et un duo d’acteurs, la présence de Mme Bronson est dommageable. Le film aurait peut-être pu fonctionner avec une Shirley MacLaine par exemple, mais le numéro de bécasse parlant comme Betty Boop de Jill Ireland est tout simplement consternant. Très visiblement fatigué et venu là pour le chèque, Bronson assure le minimum syndical, traînant une évidente mauvaise volonté. Le scénario tente sans légèreté d’utiliser son image déjà pâlissante de justicier : dans sa première séquence, Bronson fait la morale à un jeune flic voulant venger sa fiancée assassinée, lui expliquant qu’on ne rend pas justice soi-même (rires). À la fin bien sûr, Charlie (c'est aussi son prénom dans le film) reviendra à de meilleurs sentiments !
On peut passer le temps à contempler les paysages filmés sous tous les angles imaginables, à écouter la jolie BO de Lalo Schifrin, à observer Rod Steiger lâché en totale liberté dans un rôle de mafieux bègue et geignard. Mais même des vieilles tronches comme Henry Silva, Strother Martin, Michael V. Gazzo ou Paul Koslo ne parviennent à sortir le spectateur de sa torpeur.
On pourra retenir pour l’anecdote la longue scène montrant Bronson en train de fabriquer une sarbacane avec les moyens du bord, pour ensuite projeter des clous dans les yeux de ses poursuivants. Jugée trop explicite, elle fut censurée dans certains pays. D'ailleurs, « AVEC LES COMPLIMENTS DE… CHARLIE » fut également allégé de quelques séquences pour sa sortie française. C'est essentiellement le rôle de Silva qui en a pâti. Mais qui va pétitionner pour un ‘director’s cut’ ?
Après l’échec sans appel du « BISON BLANC » et l’insuccès de « UN ESPION DE TROP », ce film marque la fin des années ‘Liste A' de Charles Bronson.
À NOTER : le film est sorti un peu partout en DVD, dans des copies recadrées, affreuses. La meilleure édition est encore celle parue en France, dans une copie coupée et en 4/3, mais dont les séquences manquantes sont visibles dans les suppléments.