News, photos, critiques films et DVD, avis et commentaires sur le cinéma populaire, ses stars, ses mythes, mais aussi sur les séries TV et quelques à-côtés.
Et si Shakespeare n’était qu’un cabotin de seconde zone illettré ? S’il avait usurpé l’œuvre d’un noble dans l’incapacité de signer ses œuvres ? Si l'homme toujours adulé aujourd'hui, joué sans arrêt, filmé encore et encore, analysé jusqu'au vertige, n’avait jamais réellement existé ? C'est la thèse défendue par « ANONYMOUS », dont la première surprise et de trouver la signature du belliqueux Roland Emmerich à la mise en scène.
Le scénario pour convaincant et parfois brillant qu'il soit, s’emballe trop souvent et se perd dans une construction en flash-backs qui finit par être soûlante. Quand apparaît sur l’écran « 5 ANS PLUS TÔT » puis « 40 ANS PLUS TÔT », cela fait plutôt naître l’agacement que l’intérêt. Il faut s’accrocher pendant le premier tiers : surabondance de noms, de personnages, de fausses barbes et de maquillages vieillissants, on a du mal à identifier les protagonistes, d’autant que le montage est ultra-cut et la photo très sombre.
Reste que, si on a passé ce cap difficile, « ANONYMOUS » n’est pas dénué de qualités. Au niveau de l’interprétation déjà, on a droit à une fabuleuse Vanessa Redgrave dans le rôle de la reine, une vieille femme au bord de la sénilité, mais encore capable de cruauté. C'est une fois de plus sa fille Joely Richardson qui tient le même rôle dans les flash-backs, avec un réalisme parfait. Citons aussi Rhys Ifans, douloureux et énigmatique, dans le rôle du véritable auteur des pièces signées Shakespeare.
Film sombre, iconoclaste, n’hésitant jamais à tirer sur les vieilles ficelles du mélodrame, « ANONYMOUS » finit in extremis par réussir son pari. Il est fort probable qu’on ne lise plus jamais le nom du grand « Will » de la même façon, après la projection.