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Écrit et réalisé par Frank Gilroy, auteur de théâtre qui avait signé l’intéressant « LA
PREMIÈRE BALLE TUE » et aimait à se jouer des archétypes, « C'EST ARRIVÉ… ENTRE MIDI ET TROIS HEURES » a toutes les apparences d’un western, mais se révèle être une charge virulente
contre les médias et leur fonctionnement, sur le pouvoir d’hypnotisme qu'ils peuvent exercer sur les foules et même sur ceux qui en tirent les ficelles. En cela, c'est un film plutôt prémonitoire !
L’histoire d’amour entre un hors-la-loi trouillard et une jeune veuve crédule, devient par un miracle journalistique, un phénomène international : chansons, romans, pièces théâtrales, visites guidées, tout un mershandising s’organise autour de cette rencontre finalement banale et anodine, qui ne dura que trois heures. Enivrée par son succès, la veuve va finir par croire elle-même à tous les embellissements qui se sont accumulés sur sa brève liaison et quand son amant se présente devant elle après un an de prison… Elle ne le reconnaît pas !
« C'EST ARRIVÉ… ENTRE MIDI ET TROIS HEURES » est un film malin, cynique, méchant même, qui flirte avec la pure comédie, démonte les clichés du western (« Tout est tranquille, ici… Trop tranquille »), et n’hésite pas à ridiculiser sa vedette masculine.
Charles Bronson est totalement inattendu, en voyou menteur et couard, jouisseur et sans le moindre sens de l’honneur, qui se fait passer pour une sorte de Rhett Butler aux yeux de la femme qu'il veut séduire. Ce petit jeu se retournera contre lui et les seuls qui finiront pas croire qu'il est réellement le légendaire Graham Dorsey, seront les occupants d’un asile d’aliénés. Jill Ireland, comédienne généralement difficile à supporter, trouve ici le rôle de sa vie, à la fois touchante et ridicule. Elle chante également la chanson du générique.
En d’autres mains plus expertes, il est certain que « C'EST ARRIVÉ… ENTRE MIDI ET TROIS HEURES » aurait pu devenir un petit classique, ou tout du moins un film-culte, mais c'est platement réalisé, un peu fauché. Le film fut un gros échec commercial, beaucoup trop déroutant pour le public habituel de Bronson. Pourtant celui-ci est vraiment étonnant, enfilant tous les déguisements possibles, portant binocles et fausses barbes. Un festival…
Et un film probablement très en avance sur son temps.
(article initialement publié en juillet 2009, que nous remettons en actualité en raison de la sortie récente du film en DVD zone 2, après des années d'invisibilité)