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Réclamé par Charles Bronson qui n’arrivait pas à se décider pour un réalisateur italien, John Sturges commença « CHINO » à Almeria en 1973 avant de déclarer forfait pour
cause de maladie. Il fut remplacé par le producteur Diulio Coletti qui assura l’essentiel de la mise en scène, même si Sturges est souvent crédité seul au générique. Celui-ci ne fut d'ailleurs pas le seul à déserter, puisque Lino Ventura qui
devait jouer Maral, partit également, jugeant son rôle trop en retrait.
« CHINO » fait partie de ces projets mal emmanchés qui ne donnent souvent que des résultats désastreux. C'est pourtant loin d’être un mauvais film et même s’il fut négligé à sa sortie et qu'il est rarement mentionné par les amateurs de westerns, c'est un film tout à fait estimable, d’une douceur surprenante, d’une maturité inattendue dans un film italo-français avec Bronson et madame en vedettes.
Éleveur de mustangs, le métis Chino Valdez est un des personnages les plus subtils incarnés par l’acteur américain. Solitaire et taiseux, couturé de cicatrices, Chino vit éloigné de la ville et préfère manifestement les animaux aux humains. Quand le jeune fugueur débarque chez lui, il accepte pourtant de l’héberger, et une belle amitié va se développer entre l’ado sensible et le bourru. Les choses se gâteront avec l’arrivée du rancher Maral et surtout de sa sœur Catherine, dont Chino va tomber amoureux.
Alors qu’on s’attend à un final en revanche explosive de la part de notre héros humilié par l'homme blanc, « CHINO » propose une conclusion totalement inédite : submergé par le nombre, Chino brûle sa maison, rend sa liberté à ses chevaux et s'en va, vaincu mais indompté vers le soleil couchant, sous l’œil embué du gamin.
C'est le français Marcel Bozzuffi, excellent comédien révélé par « FRENCH CONNECTION » (et qui doubla souvent Bronson dans les v.f. de ses films !), qui joue Maral, avec toute la dureté dont il était capable. Jill Ireland fait ce qu'elle peut, mais a du mal à exister dans un rôle bêtement décoratif. La scène où Bronson la séduit après avoir vu la saillie d’un étalon, fut citée dans toutes les critiques de l’époque pour son audace.
« CHINO » manque visiblement de moyens, les seconds rôles locaux ou italiens sont faibles, les décors tristounets, mais la musique des inégaux frères De Angelis est une de leurs plus réussies et quelques séquences ne manquent pas d’humour, comme celle où Catherine surprend Chino dans son bain, se grattant contre un mur tel un mustang. Mais la tonalité est triste, nostalgique même et c'est tout à l’honneur de Charles Bronson d’avoir pris le contre-pied de son emploi habituel, pour composer un personnage faillible, sentimental et vulnérable.
À NOTER : jamais édité en DVD en France, « CHINO » est sorti d’innombrables fois aux U.S.A. dans des copies infâmes, floues et inaudibles. La copie à se procurer est l’Anglaise, en tous points satisfaisante.