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Longtemps, « LES 7 MERCENAIRES » fut (dé)considéré comme un pauvre ersatz de son modèle, le chef-d’œuvre « LES 7 SAMOURAÏS » tourné au Japon six ans plus tôt. Il est vrai que le western de John Sturges n’atteint jamais les hauteurs du film de Kurosawa, mais il
s’est lentement imposé comme un classique du western grâce à tout un réseau d’éléments qui se sont mis en place au cours des années.
Le casting d’abord, qui en 1960 ne comportait que deux « vedettes » connues du public : Yul Brynner et Eli Wallach et qui s’est enjolivé année après année, alors que ses seconds rôles montaient en grade. À chaque ressortie, Steve McQueen, Charles Bronson, James Coburn ou Robert Vaughn, venaient enrichir l’affiche, grâce à leur succès, que ce soit au petit ou au grand écran. Et c'est ce phénomène qui assura la pérennité du film. Sans parler bien sûr, de la musique d’Elmer Bernstein, qui devint un « standard » repris dans les émissions consacrées à l'Ouest américain, comme un hymne national.
« LES 7 MERCENAIRES » fut tourné au Mexique, dans de somptueux paysages que Sturges filma avec toute sa science du CinémaScope. Le scénario est très (trop) mécaniquement construit : recrutement des « gunmen », attaque des pillards, défaite des héros puis retour et mise en déroute des méchants. La partie « recrutement » a fait beaucoup pour le succès du film, avec chaque nouveau mercenaire présenté dans une sorte de « sketch » qui lui est consacré. On pense à Coburn qui fait la démonstration de son lancer de couteau, de Bronson et sa hache. Un groupe d’aventuriers légèrement « has been », qui s’unissent pour une cause perdue dont ils n’ont finalement pas grand-chose à faire. Car chose curieuse, si « LES 7 MERCENAIRES » fonctionne sur ce groupe d’hommes prêts à se sacrifier pour des raisons qui leur sont propres, il n’existe quasiment aucune camaraderie entre eux. Ce sont tous – McQueen
excepté – des « poissons froids », des durs à cuire taciturnes venus faire un job et non pas remplir leur carnet d’adresses. Si des liens se forment, c'est avec des gens du village : Bronson avec les enfants, Brynner avec le vieux sage ou Horst Buchholz avec une jolie paysanne. Entre eux, c'est à peine si s’établit une sorte de pacte de non-
agression.
Le film est extrêmement bien dialogué, et certaines répliques (« Jusqu'ici, ça va »), ont été souvent reprises ailleurs, d’autres (« Notre monnaie, c'est le plomb, mon ami ») font partie intégrante de la mythologie de Steve McQueen et quelques unes (« Pas d’ennemis… vivants ») sont des classiques du western.
Bien sûr, tout n’est pas parfait : décors, costumes et paysages, tout paraît extraordinairement propre et ripoliné, on est loin du Mexique pouilleux de Peckinpah ! Des comédiens « exotiques » comme Brynner ou pire encore l’Allemand Buchholz ont un mal fou à s’intégrer à cet univers et ce sont pourtant eux, qu’on voit le plus à l’écran.
Mais pour le reste, le film demeure un bonheur de chaque seconde : le stetson torché de sueur de McQueen, la leçon de respect que Bronson inflige aux muchachos mal-élevés, Coburn abattant un fuyard à distance (« C'est le meilleur tir que j'aie vu de ma vie ! » s’exclame Chico. « Le pire », répond Coburn. « Je visais le cheval ! »), les cauchemars nocturnes de Vaughn complètement au bout du rouleau. Et bien sûr, le numéro de cabotinage inouï de Wallach en bandido bavard et au fond, pas si antipathique que cela. Le film est truffé de petits numéros d’acteurs, tous plus amusants les uns que les autres, qui font tout le prix des « 7 MERCENAIRES ».
John Sturges a fait mieux, c'est indéniable, que ce soit « UN HOMME EST PASSÉ » ou « LE DERNIER TRAIN DE GUN HILL », mais a-t-il fait plus jouissif que « LES 7 MERCENAIRES » ? Pas sûr…
À NOTER : l’excellent documentaire « GUNS FOR HIRE », visible dans le DVD, qui a réussi à interviewer quelques survivants du film, peu avant leur mort, et des réalisateurs comme John Carpenter, qui en parlent avec ferveur. De nombreuses anecdotes dans les mémoires de Neile Adams-McQueen, ex-femme de Steve, qui raconte que le plateau « dégoulinait littéralement de testostérone », et parle de la rivalité entre la star Brynner et le quasi inconnu McQueen.