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Alors que son fils Michael approche doucement l’âge de la retraite, Kirk Douglas est toujours là. Il participe à des conférences, des œuvres de charité, il écrit des livres et
même si on peine à reconnaître dans ce vieux monsieur à l’élocution laborieuse, celui qui fut Spartacus, sa longévité et son énergie forcenée continuent d’imposer le respect.
Fils d’émigrés russes, Kirk Douglas est rapidement devenu son propre producteur et s’est toujours investi dans des films difficiles ou engagés. Sa personnalité unique, mélange d’ambition aveugle, de désir de revanche sociale, de cynisme et de profonde dureté en a fait un westerner exceptionnel et c'est au sein du genre, que Douglas a connu quelques uns de ses plus beaux rôles.
Il est un jeune officier de la guerre de sécession dans « LE DEUIL SIED À ÉLECTRE », d'après la pièce d’Eugene O’Neill, mais « UNE CORDE POUR TE PENDRE » est son premier vrai western. En marshal obnubilé par la mort de son père, Kirk Douglas impose déjà son personnage d’antihéros hanté par l’échec, mais obstiné jusqu'à l’obsession névrotique. « L'HOMME QUI N’A PAS D’ÉTOILE » finit de définir sa personnalité de solitaire irréductible et traumatisé, curieux mélange de fantaisie débridée pouvant virer en quelques instants à la rage la plus meurtrière. Il est moins convaincant en scout séducteur de squaws dans « LA RIVIÈRE DE NOS AMOURS », mais crée le Doc Holiday le plus marquant de l’Histoire dans « RÈGLEMENT DE COMPTES À OK-CORRAL », où face à son ami-nemesis Burt Lancaster, il fait des étincelles, dans la névrose fébrile et la
violence mal contenue. La séquence où John Ireland lui balance un verre de whisky au visage est d’une tension quasiment insoutenable.
Il retrouve le réalisateur John Sturges, pour « LE DERNIER TRAIN DE GUN HILL », suspense westernien, où Kirk Douglas recherche l’assassin de sa femme, qui n’est autre que le fils de son meilleur ami. Là encore, l’acteur fait preuve d’une tension et d’une rage hors du commun, tellement intenses d'ailleurs, qu'elles remettent en question le principe même de vengeance, traitée ici comme une maladie mentale. « EL PERDIDO », même s’il fut massacré au montage, offre à Douglas un autre rôle de hors-la-loi sympathique mais incontrôlable, qui ira cette fois jusqu'à l’inceste.
Le rôle préféré de l’acteur est Jack Burns dans « SEULS SONT LES INDOMPTÉS », où son personnage vit au 20ème siècle selon les codes du vieil Ouest. La rage est ici gommée, au profit d’un désir fanatique de liberté, qui finira tragiquement. « LA ROUTE DE L’OUEST » lui propose un rôle excessif comme il les affectionne : un sénateur menant une caravane vers la Californie, un obsédé de plus, qui n’hésite pas à exécuter lui-même ceux qui s’opposent à son projet, quitte à se faire flageller jusqu'au sang par son esclave noir !
« LA CARAVANE DE FEU » l’oppose à John Wayne, dans un duel semi-comique, où Douglas joue un tueur à gages dandy, qui porte une bague par-dessus son gant de cuir. « LE REPTILE », l’unique western de Joe Mankiewicz, est l’occasion pour Kirk Douglas d’incarner Paris Pittman, Jr., sorte de condensé de tous ses autres personnages : une fripouille d’un cynisme abject, obsédé par l’argent, qui n’aura finalement qu’un seul rival, un serpent à sonnette.
« DIALOGUE DE FEU » le voit en pistolero retraité, acceptant un dernier duel pour l’argent, et la gloire. Un personnage vieillissant et pathétique, qui marque son entrée dans l’âge mûr. Il réalise lui-même l’excellent « LA BRIGADE DU TEXAS », où il revient aux rôles de salopard arriviste, en jouant un marshal en route vers la Maison Blanche, une ordure séduisante comme lui seul sait les concocter ! « CACTUS JACK » est un pur pastiche et « L'HOMME DE LA RIVIÈRE D’ARGENT » est un western australien, dans lequel Douglas tient deux rôles : un rancher et son jumeau unijambiste. Son dernier western, Kirk Douglas le tournera pour la TV : « DRAW ! », un film qu'il rêvait de faire avec Burt Lancaster, dans lequel il joue un hors-la-loi, face à James Coburn.
Pour mieux cerner l'homme, sa façon de penser, ses amours et ses haines, recommandons ses mémoires « LE FILS DU CHIFFONNIER », une des plus réussies dans le genre.
À NOTER : une abondante littérature est consacrée à Kirk Douglas. Aux U.S.A. notons le livre de Tony Thomas chez Citadel. En France, parut jadis une monographie de Roland Lacourbe, chez PAC.