Les années ne sont généralement pas bénéfiques aux films des seventies. De fait, « LE RÉCIDIVISTE » qui avait beaucoup impressionné à sa sortie, fonctionne toujours bien, mais sa narration peut irriter. Le pauvre malfrat sortant de prison est montré de son strict point de vue : un pauvre hère plein de bonne volonté, littéralement obligé par le système à replonger dans le crime. Quant à son officier de tutelle (l'excellent et visqueux M. Emmet Walsh), c'est carrément un porc ignoble, injuste et sadique, dont on applaudit l'humiliation. Vu sous cet angle, bien sûr, on ne que qu'approuver que le pauvre Dembo braque des banques et des bijouteries !
Écrit par le taulard Eddie Bunker qui joue également dans le film, ce polar ancré des deux pieds dans la réalité sociale de son époque, vaut encore le coup d'œil pour son authenticité, pour un Dustin Hoffman bien dirigé, même si le travail de composition se sent comme d'habitude, beaucoup. Il suffit de comparer son jeu chargé à celui parfaitement naturel et sans artifice de Gary Busey ou Harry Dean Stanton, pour ressentir le côté laborieux de son travail. C'est néanmoins un de ses meilleurs rôles. À ses côtés, Stanton donc, excellent dans l’humour à froid. La scène où il supplie pratiquement son ex-acolyte de le sortir de son petit confort bourgeois est formidable. La très oubliée Theresa Russell est parfaite et on aperçoit une jeune Kathy Bates toute mince.
« LE RÉCIDIVISTE » est lent, mais se suit sans ennui, c'est un film d'attitudes, de comportements, au dialogue rare et laconique (à son amie, qui lui demande pourquoi il ne l'emmène pas, Dembo répond platement : « Parce que je ne veux pas me faire prendre », avant de filer sans un adieu !).
Il est clair qu'on aurait aimé un Peckinpah, un Siegel ou même un Fleischer à la caméra plutôt que le subtil mais mollasson Ulu Grosbard. Mais le film a sa petite musique…