Parallèlement à son magnifique ouvrage sorti en Allemagne sous le même titre, le réalisateur a également signé « PASSION & POETRY – THE BALLAD OF SAM PECKINPAH », un documentaire inspiré, sur la vie et l’œuvre du réalisateur jadis décrié, et aujourd'hui entré dans la légende.
Tourné en 2005, ce film exemplaire, d’une totale sobriété, suit la chronologie des films de « Bloody Sam », alterne les interviews, et l’émotion filtre progressivement, jusqu'à devenir suffocante quand arrive la fin.
Toutes les personnes interrogées aimaient profondément l'homme, c'est évident, même s’ils ne le comprenaient pas toujours, ou réprouvaient sa façon de vivre. L.Q. Jones paraît le plus lucide, le plus sincère, mais Senta Berger dit de très belles choses sur Peckinpah, Ernest Borgnine parvient à rire et faire rire, d’anecdotes dramatiques, et Kris Kristofferson, avec sa guitare et son harmonica, dans sa chambre de motel, est un véritable personnage de fiction.
« PASSION & POETRY – THE BALLAD OF SAM PECKINPAH » parle d’un individu contre le système bien sûr, mais il parle aussi d’Art et de compromission, de la violence de l’argent sur lequel se brisent les rêves, du goût de la mort lente, d’une enfance jamais digérée, d’un potentiel dilapidé dans l’alcool et la cocaïne. Quand arrive la fin de ces superbes 115 minutes, tous les témoins ont la larme à l’œil, et il n’est pas exclu que le spectateur se retrouve lui aussi, avec les yeux embués.
Le film vient de sortir en Allemagne, dans une belle copie 1.78 :1. 4/3, en Anglais et Allemand, et beaucoup de suppléments sur un DVD séparé. Il mérite amplement de sortir en France, car au-delà du parcours de Sam Peckinpah, c'est de création qu'il parle. Et brillamment.
Un des derniers plans, paraphrasant le générique de « LA HORDE SAUVAGE », et montrant un scorpion dévoré par les fourmis, en dit plus long sur « Sam » que des milliers de mots…